J’étais encore toute seule… Papa jouait à cache-cache. Maman était encore partie, peut-être aussi en train de jouer. Je voyais des gens presque tous les jours, surtout quand je sortais, mais je ne pouvais pas rester avec eux. J’aurais voulu rester avec madame Elena et Flare. Je les aimais beaucoup. J’avais passé un bon moment avec elles. J’aimais aussi beaucoup monsieur Caïn même s’il faisait des cauchemars et qui voulait retrouver mon papa et ma maman, monsieur Kiyo qui me comprenait au moins un peu, le gentil monsieur qui était venu m’aider et la dame qui était dans le parc avant tout ça. Mais, je ne pouvais pas rester avec eux ou avec les autres qui m’avaient gardés avec eux le temps d’un dodo et qui m’avaient donné à manger. Alors, je restais toujours toute seule avec mes peluches, mes dessins et le silence. Je n’aimais pas ça du tout. Alors, même si je n’avais pas très très faim, je voulus beaucoup sortir dehors. J’étais très fatiguée mais j’arrivais pas à dodo. Mes oreilles faisait des bruits aigües, chaque bruit un peu fort me faisait peur, j’avais beau appeler personne ne venait… J’avais très envie de pleurer mais je ne devais pas. Je devais garder le sourire pour être courageuse et aider les autres ! Alors, je ne pleurais pas et me levai pour changer mes habits. Je mis donc un pantalon gris et un tee-shirt  blanc, qui était à l’envers sans que je m’en rende compte, sous une veste jaune. Je réfléchis un peu avant de prendre mes bottes noires que je mis sans chaussettes. J’aurais préféré mes sandales, mais j’avais peur de tomber encore. J’avais à ma joue droite et mon genoux gauche des pansements à cause de ça. Je ne voulais pas que ça fasse pareil !

Dehors, il faisait beaucoup noir et il n’y avait pas beaucoup de gens sur les trottoirs. J’allais être toute seule ? Mon sourire se fit plus petit parce que je n’aimais pas ça, mais il fallait que je reste comme tout le temps, que je ne me décourage pas. Alors, je me mis à marcher doucement en regardant autour de moi. Je n’avais pas froid mais je sentais comme de l’eau dans l’air. Pourtant il ne pleuvait pas. C’était trop bizarre. Amusant ? Un peu mais je n’arrivais pas à le voir comme ça parce que je n’avais personne avec qui en parler. C’était comme ça que se sentait monsieur Caïn ? C’était triste… J’espérais le trouver cette fois. A moins que je ne trouve monsieur Kiyo ? Sûrement pas madame Elena puisqu’elle devait s’occuper de ma copine dans sa maison. C’était où déjà ? En réfléchissant, j’allai dans le centre ville pour essayer de me rappeler. Peut-être que je pourrais retrouver mon chemin à partir de là-bas ? Mais je n’y arrivai pas tout de suite.

Sous la fenêtre d’une maison, à côté d’un jardin qui commençait à sentir bon, l’odeur d’un rêve vint à moi. C’était très agréablement sucré. Gourmande, je me couchai sur le sol sous la fenêtre et tentai d’entrer dans le rêve. Le bruit de la ville ne me dérangeait pas et je savais que j’allais m’amuser beaucoup en fermant les yeux. Mais j’avais un peu peur. Je ne savais pas pourquoi, mais je pensais beaucoup au méchant monsieur qui m’avait tapé à la maison… Non ! Tout allait bien se passer. J’en étais sûre ! Oui, c’était comme ça qu’il fallait que je pense. Papa m’avait dit que garder le sourire et garder courage serait toujours mieux que baisser les bras. Je n’avais pas compris sur le coup même si j’avais plus ou moins retenu. Mais maintenant ça me semblait clair. Comment dire ? En sentant mon coeur se serrer très fort, sans personne pour m’aider, j’avais envie qu’on s’occupe de moi sans que je fasse rien. Je voulais un câlin et qu’on me prenne dans les bras. Mais ce n’était pas possible. Alors, il fallait que je fasse quelque chose.

A force de réfléchir, malgré le froid du par terre, je fermai les yeux et entrai dans le rêve. Un chien. Je le voyais se promener et jouer avec une petite madame. Elle avait de jolis cheveux dorés attachés en deux tresses. Ils brillaient sous le soleil. Tout sentait très bon, même si pour moi il y avait trop d’odeurs d’un coup. J’aimais beaucoup ce rêves. Vraiment beaucoup. Je n’étais pas seule, je me sentais joyeuse et rien n’était lourd. Alors, je finis par m’endormir, toujours allongée sur le trottoir. J'avais comme oublié mes peurs le temps d'un dodo que je n'avais pas pu trouver dans ma maison.

Je dormais profondément sur le trottoir, sans sentir le froid qui faisait mal aux doigts qui devenaient rouges. Je ne vis, ni entendis ce qui se passait autour de moi. Pas même le monsieur qui s’approcha de moi. Quand il me prit dans ses bras et mit son manteau tout chaud sur les épaules, je ne réagis pas du tout. Ce fut pareil quand il me porta dans ses bras pour me porter jusque chez lui. Dire que j’aurais été trop contente de le voir, de lui parler et d’être dans ses bras. En plus, j’aurais été trop contente en entendant les mots qu’il avait dit que pour moi. C’était ce que j’avais cherché en sortant et je ne pouvais pas en profiter. Pas tout de suite parce que je faisais enfin dodo après des heures sans me rendre compte de rien.

Sur le chemin menant jusqu’à la maison du gentil monsieur, il n’y avait presque personne. Les rares étant encore dans la rues ne regardèrent même pas dans notre direction, trop occupés par ce qu’ils faisaient. C’est donc qu’il ne se passe rien qu’on arriva dans la maison du monsieur, sans que je me sois réveillée du tout. Je n’avais pas bougé dans les bras du monsieur, bercée par les mouvements de la marche.

Quand je commençai à me réveiller, je sentis une grande chaleur autour de moi. C’était tout doux et moelleux. J’aimais beaucoup cette sensation d’être dans un lit. Bien installée, je souris en me disant que maman allait venir me chercher et me demander de quoi j’avais rêvé. Maman… Je voulais vraiment la voir. Mais je ne pouvais pas. Pourquoi ? Ah… oui… Me rappelant que ce n’était pas possible de la voir à moins qu’elle ne soit revenue ou que je sois dans un lit, j’ouvris doucement les yeux. Je vis alors un monsieur et que j’étais dans une maison que je ne connaissais pas. Les odeurs n’avaient rien à voir avec celles des personnes que je connaissais, mais j’étais trop bien installée. Les couleurs de la chambre étaient un peu bizarres, mais jolies. Et… le lit était grand ! C’était trop bizarre.

En regardant autour de moi, je me levai doucement sans rien dire. Je ne comprenais pas comment j’avais fait pour arriver là. Je ne me rappelais pas de m’avoir commencé à faire dodo dans une couverture… Ah ! Je n’avais plus faim, donc c’était que j’avais mangé. … Ah oui ! J’avais mangé en m’allongeant dehors. J’avais dodo ? Dans le doute, je me tournai vers le monsieur pour lui poser plein de questions en lui faisant face :



Beaucoup de question alors que le ciel commençait à s’éclaircir avec le soleil qui se levait doucement. Oui, j’avais fait un gros dodo. Il allait falloir que je rentre à la maison. Je ne voulais pas que maman s’inquiète si je n’étais pas rentrée. Mais je ne pouvais pas partir alors que le monsieur était avec moi. Il ne me laisserait pas faire, j’en étais sûre. Personne ne voulait me laisser faire même si la porte n’était pas fermée. Ils voulaient tous trouver papa et maman, mais personne n’y arrivait parce qu’ils étaient trop fort à cache-cache.

Le monsieur ne répondit pas tout de suite à mes questions. J’avais dit une bêtise ? Ou il ne parlait pas comme moi ? J’avais déjà entendu des gens parler bizarrement mais je n’avais pas pu les comprendre. Je crus que lui aussi il était comme ça. Je lui souris donc plus avant de regarder la pièce. Derrière lui, je vis un bureau avec des tasses et d’autres choses. Ca sentait bon, mais pas comme un rêve ou un cauchemar. C’était comme ce que mangeait maman et les autres humains comme monsieur Caïn, Elena et Flare. Sinon, la porte de la chambre était ouverte, du coup, je pouvais voir qu’on était dans une maison avec beaucoup de pièces.

Un bruit de chocolat qui se casse me fit regarder le monsieur qui était avec moi. Il en mangeait en se grattant la tête. Comme s’il réfléchissait. Beaucoup de gens faisaient ça. Je ne comprenais pas pourquoi, mais c’était drôle. Moi je faisais pas ça et maman m’avait déjà dit que c’était parce que je ne réfléchissais pas comme les grands. C’était encore une de ces choses que je ne pourrais comprendre qu’après beaucoup de dodos que je ne pouvais pas compter. Mais même après avoir fait beaucoup de dodos, je ne comprenais toujours pas. C’était trop long ! Plus qu’attendre que le monsieur veuille bien me répondre.Quand il le fit, il m’apprit que nous étions dans sa maison. C’était donc sa chambre où j’étais parce qu’il s’inquiétait pour moi. Je ne compris pas du tout pourquoi. Il n’allait rien m’arriver pendant que je mangeais. Je ne pus le lui dire, mais ce n’était pas grave parce que maintenant il souriait. Maintenant, il était content et c’était trop bien ! Je n’aimais pas trop qu’il m’appelle “ma petite” : j’étais grande moi ! Même le gentil monsieur qui était venu me sauver dans ma maison me l’avait dit d’abord ! Et le penser ne me laissa pas écouter pourquoi sa chambre n’était pas rangée. Je n’aimais pas ça. Mais ce n’était pas grave puisqu’il me proposa de boire un chocolat chaud, ce qui me fit sourire en sautillant sur place sur le matelas tout moelleux.



Mes yeux pétillaient de joie alors que je répondais en applaudissant, les yeux fermés. J’aimais toujours quand on me proposait de manger et boire des trucs différents. Est-ce que j’avais froid ? Je n’en savais rien. J’avais un peu mal en tapant dans mes mains et je regrettais de ne pas être dans les couvertures chaudes, mais je ne sentais pas le froid comme une chose de gênante. C’est donc seulement la gourmandise qui me poussait à vouloir ce qui m’était proposé. Alors, quand le monsieur se leva et me tendit la main, je la pris en sortant du lit, toujours souriante même si je faisais attention. En faisant ça, j’avais accepté totalement ce qu’il me proposait sans poser de question. Et, après, je répondis à celle de monsieur Blake :



Même monsieur Blake était un gentil monsieur. Alors je ne comprenais pas pourquoi je devais faire attention. Aux cauchemars ? Mais c’était bon les cauchemars ! C’était comme des frites ! Alors pourquoi je devais faire attention ?

Toute contente, je suivis monsieur Blake pour aller dans la cuisine. Il portait dans son autre main un plateau avec des tasses et d’autres trucs trop bons. J’avais trop hâte d’en manger. Mais je ne voulais pas non plus lâcher sa main toute chaude. C’était agréable...

Quand on arriva dans la cuisine, le monsieur posa le truc qu’il avait dans la main qui ne tenait pas la mienne sur la table. Pressée, je voulus prendre un gâteau qu’il y avait dessus. Je lâchai donc le monsieur et me tins à la table pour me grandir le plus possible en tendant le bras droit. Mais j’étais beaucoup trop petite pour atteindre ce que je voulais. Je continuai quand même, sûre que j’allais réussir quand même si je continuai. Et avant que je puisse réussir, le monsieur me prit sous les épaules et m’assis sur une chaise. Sur le coup, je le regardai faire avant de partir préparer quelque chose. Mais comme j’étais plus proches des gâteaux que le monsieur me disait de manger, j’en pris un et me mis à le grignoter par pure gourmandise. Les jambes battant dans le vide, je regardai tout ce qui était autour de moi, curieuse et prête à poser mes questions.

Avant que je puisse lui demander pourquoi sa famille n’était pas là, il me dit que mon papa et ma maman étaient venus le voir pour lui demander de s’occuper de moi. Il me dit qu’ils ne voulaient pas que je reste à la maison avant de me promettre qu’il allait me protéger contre le méchant monsieur qui m’avait tapé. En fait, je ne fis pas attention à ça parce que je le regardais avec de grands yeux en me demandant s’il disait la vérité. Il connaissait mon papa et ma maman ? Il les avait vraiment vus ? Pourquoi ils ne venaient pas me voir alors ? C’était pas juste ! Tellement pas juste ! Ca me rendait trop triste… Moi je voulais les voir et qu’ils me fassent des câlins comme avant. Ils ne m’aimaient plus ? Mais moi je les aimais très fort. J’avais très envie de pleurer, mais je ne le fis pas parce que le monsieur me montra qu’il était là en me frottant un peu la tête. Je retins donc la boule dans ma gorge et me mis à manger pour cacher le fait que je ne souriais pas. Je ne voulais pas qu’on me voit être triste.

Mon sourire revint un peu quand mon chocolat chaud arriva. Le monsieur me demanda alors de faire attention avant de vouloir savoir ce que j’aimais comme gâteaux. Je ne répondis pas et préférai poser mes questions à moi pour en savoir plus sur mon papa et ma maman même si ça faisait mal dans la poitrine:



Je ne pleurais pas, ne criais pas et ne regardais pas le monsieur. Mais je voulais connaître les réponses, en savoir plus. J’étais prête à tout pour savoir. Alors, en attendant, je me mis à souffler sur mon chocolat qui fumait pour pouvoir le boire. La tasse me faisait un peu mal aux doigts. En fait, ils me piquaient beaucoup quand je la touchais. Mais je voulais boire alors je ne voulais pas la poser sur la table.

Je ne pouvais pas regarder autre chose que mon chocolat chaud. Je soufflais dessus, donc il fallait que je fasse attention. Mais aussi, j’avais un peu peur de ce que le monsieur allait me dire. Je ne voulais pas qu’il se fâchent mais qu’il me donne des réponses. Je voulais savoir pourquoi mon papa et ma maman ne venaient pas me voir. Je n’entendis rien pendant un moment. Alors, quand le monsieur me parla après un petit moment, je sursautai un peu mais écoutai en continuant de souffler doucement. Il me dit alors que mon papa et ma maman m’aimaient et voulaient revenir vers moi mais qu’ils ne pouvaient pas. Il ne pouvait pas me dire où il étaient et ça me rendait triste. Très triste. Ca faisait beaucoup longtemps que j’attendais qu’ils reviennent, que j’étais toute seule. Ils me manquaient beaucoup beaucoup. Et encore, ce n’était pas vraiment ce que je voulais dire. Mon papa jouaient depuis plus longtemps que maman et ne venait jamais. Maman était trop triste qu’il ne soit pas là. Alors pourquoi ? Pourquoi ils étaient pas venus me voir ? Pourquoi ils étaient allé le voir lui ? C’était vraiment trop injuste ! C’était pas juste !!

Je ne dis rien. J’avais posé la tasse sur mes genoux, toujours serrée dans mes mains froides et qui faisaient mal. J’avais envie de pleurer, mais j’essayais de ne pas le faire. Je voulais que mon papa et ma maman me sauvent mais c’était toujours d’autres monsieurs et madames. Ils étaient gentils, mais il n’étaient pas eux. Ce n’était pas la même chose. Le monsieur d’aujourd’hui était à côté de moi et son visage près de moi. Mais je ne le regardais pas. Je ne voulais pas qu’il voit mes yeux qui se mouillaient tout seul. Je vis alors sa main prendre mon chocolat et le poser sur la table en face de moi. Parce que je ne comprenais pas ce qu’il se passait, je voulus protester. Mais je n’en eu pas le temps puisqu’il me prit dans ses bras. Doucement, j’entourai son cou de mes bras et posai ma joue sur son épaule. Des larmes coulèrent alors que je reniflais, m’efforçant de ne pas faire de bruit. J’avais beaucoup besoin de câlins et il m’en donnait un sans que je demande. Ca me faisait plaisir. Mais aussi mal parce que ceux de maman me manquaient. Je ne me souvenais plus de ceux de mon papa… J’étais quand même sûre d’une chose : il était plus chaud que le monsieur. Et il me faisait des câlins plus longtemps. Mais je dis rien quand il me lâcha. Au final, je m’essauyai simplement les larmes et le regardai pour l’écouter comme il me le demandait.

Il essaya de me dire que je pouvais lui demander ce que je voulais et qu’on le ferait. Ca me fit beaucoup plaisir, mais ce que je voulais il m’avait dit que je ne pouvais pas l’avoir. Et je ne pouvais pas toujours rester ici parce qu’il fallait que j’attende ma maman à la maison comme elle me l’avait demandé. J’avais mis le mot de monsieur Caïn sur la table, mais je ne savais pas si c’était bien. Mais, au final, je me posai une question que je finis par demander :



Il était debout comme avant et me tournait le dos pour faire la cuisine. Je bu un peu de mon chocolat chaud en écoutant et me levai pour aller à côté de lui. Là, je tins le rebord du meuble et me mis sur la pointe des pieds pour regarder ce qu’il faisait. Ca sentait rien, mais ça ressemblait à ce que faisait parfois maman. Alors, au lieu de demander ce que c’était, je lui dis une autre question :