« Combien de temps ? Depuis combien de temps suis-je ici ? »
« Pourquoi mon don ne fonctionne-t-il pas dans cette cellule ? »
« Vais-je un jour pouvoir me venger de Pain ? Ce pseudo héros… »
Toutes ces questions reflétaient les pensées que la brune entendait tous les jours.
De temps en temps, ses questions variaient suivant les nouvelles dans les journaux et les nouveaux détenus. En effet, elle arrivait à obtenir des informations de l’extérieur grâce à ces deux moyens. Les détenues connaissaient bien la demoiselle. Tout le monde savait qu’elle était inoffensive dans ces bâtiments, mais elle avait réussi à avoir une très bonne réputation auprès des autres. Surtout quand on savait pourquoi elle était ici.
La petite brune de la Heroe’s Sup qui avait peur de tout, était devenue – avec le temps – la grande brune aux cheveux roses des Twins K qui n’avait peur de rien.
Tout comme ses compères, elle avait fait ses preuves dans le domaine du crime et certaines détenues l’appréciaient pour ça : Naya avait réussi à utiliser ses hommes de main pour se développer elle-même et se faire un nom. Si dans les rues, le nom de Twins K donnait des frissons aux hommes, c’était aux humains que ce nom faisait peur dans le monde virtuel. En effet, pour le moment, très peu d’entreprises pouvaient se vanter d’avoir évité une cyberattaque d’eux. Elle était une reine chez les hackeurs. Ils étaient des Rois dans les rues.
C’était donc pour cette raison qu’elle arrivait à obtenir les grâces des reines de la prison.
Toutefois, elle n’était pas appréciée des gardiennes. La leader du groupe ne savait pas spécialement pourquoi elles avaient cette animosité envers elle, mais la brune possédait des pistes.
La première était sa raison de son emprisonnement. En plus des différents délits et crimes qu’ils avaient commis, les Twins K étaient connu pour être des terroristes. Une qualification qui ne plaisait pas à beaucoup de mondes, surtout dans le cercle des gardiennes. Si les dealeuses et les meurtrières arrivaient à avoir de bonne relation avec les gardiennes, ce n’étaient pas le cas des terroristes. Elle s’était attaquée à une figure de la justice de Laurel et la leadeur devait assumer ses actes.
La seconde, plus personnelle, venait de son comportement. Si les autres détenues étaient plutôt chaleureuses, Naya ne l’était pas. C’était un trait de caractère qu’elle ne connaissait pas. Kiyo lui avait pourtant expliqué que c’était une bonne chose de sourire aux gens, de leur montrer de la considération. Mais elle n’y arrivait pas. Depuis sa plus tendre enfance, la brune montrait des difficultés pour se sociabiliser. Un trait qui s’amplifia avec le temps et son don.
En plus de ces deux raisons, il devait y en avoir d’autres, mais elle ne souhaitait pas les rechercher. En vérité, elle se fichait bien de savoir si elle était appréciée par les autres humaines et ses trois amis les plus précieux lui suffisaient amplement. De plus, Naya avait une pensée de vie particulière. Pour elle, tous les humains étaient les mêmes : des êtres stupides, intolérants et ne méritant pas d’être l’espèce la plus puissante de la planète. Et surtout, elle ne se considérait pas comme une humaine ; sa vision d’elle-même et des autres faisait qu’elle ne se voyait pas comme les autres de son espèce. Ce décalage s’accentuait en même rythme que sa maitrise de son don.
Et comme elle ne se considérait plus de la même espèce, pourquoi se faire apprécier par eux ? Elle préférait être avec les gens qu’elle considérait comme son espèce, c’est-à-dire ses compagnons d’infortune.
Heureusement pour elle, aujourd’hui n’était pas la journée où elle avait rendez-vous avec sa psychiatre. Aujourd’hui, c’était le jour d’une très grande surprise. L’une des rumeurs qui courrait dans la prison était qu’un gang allait essayer de faire sortir leurs potes de prison. Et si elle avait bien analysé les dires, cette journée était une possibilité. Même si les rumeurs étaient souvent fausses, elles se fondaient sur un fond de vérité. La brune s’amusait à connaitre le pourquoi du comment de cette rumeur.