❝ Âge : 28 ans
❝ Sexe : Femme
❝ Origine : France
❝ Race : Humaine
❝ Orientation : Toute expérience peut être bonne à prendre.
❝ Métier : Artiste
❝ Statut social : Classe moyenne
❝ Situation amoureuse : célibataire
❝ Date de naissance : 19/09/1991

"Décris-toi en quatre mots. D'abord trois positifs, puis un négatif. Je crois que comme ça, on pourra tous dire qu'on te connaît"

Hariett hésita longuement. Quels mots employer ? Comment pouvait-elle se décrire au mieux ? Trois positifs ? Mais lesquels ?

Altruiste. Parce que quoi qu'il arrive, je choisirai toujours la voie qui me semble juste, et qui apportera le plus à mon prochain. Parce que quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, je suis et reste un Joker, une héroïne, et que je resterai toujours fidèle à mes principes. Aucun dommage collatéral. Aucune victime. Aucun mort.

Inspirée, ou inspirante. Je veux être un modèle pour ceux qui m'entourent, et me servir de ce qui m'entoure comme modèle pour mes œuvres. Je suis et resterai une artiste, quoi qu'il arrive, et à mon sens, l'Art n'a pas de règles tant qu'il ne met pas autrui en danger. Parfois, je suis capable de tout mettre de côté pour profiter d'un point de vue ou d'une scène, pour la dessiner, l'immortaliser.

Joyeuse. Je suis pleine de vie, toujours prête à m'éclater, à partir à l'aventure, à découvrir de nouvelles choses... Je suis toujours pleine d'entrain en fait. Comme si je n'avais pas ce pouvoir, comme si je n'avais pas cette entité dont la seule volonté est d'asservir l'humanité entière. Comme si la vie était simple.

Pour le mot négatif... Je dirais...

Dépendante. Parce que j'ai besoin de vivre avec du monde autour de moi, comme une ancre à la réalité. Je suis dépendante de ce monde d'art, de cette vie un peu bancale qu'est la notre. J'ai besoin de tout ça pour exprimer ce qui ne va pas en moi, pour l'extraire. J'ai besoin de tout ça, et je risque de débloquer complet si je ne peux pas dessiner, écrire, chanter, et m'éclater avec vous.

"Et pour toi, c'est quoi être un héros ?"

Pour moi ? C'est protéger ceux qui en ont besoin, veiller à ce que l'équilibre du monde ne soit jamais menacé, oeuvrer à la paix, et surtout... Ne jamais consentir à aucun sacrifice. Il y a toujours un moyen de gagner sans faire de victimes. Toujours."

❝ Rang : Joker

" Quand on raconte une histoire… Doit-on vraiment commencer par le tout début ? Est-ce que la couche-culotte de Carnage ou les premières crottes de nez de Laughing Jack intéresse qui que ce soit ? "

Hariett vida sa canette de bière tiède dans le fond de son gosier, affalée contre un ampli grésillant. Assurée qu'il ne reste rien dans la boite en métal, elle la déposa sur la scène derrière elle, et remit son masque.

" Tu veux savoir quoi sur moi, en fait ? Pourquoi tu m'as traquée comme ça ? Qu'est-ce que je représente pour toi ? "

La jeune femme en face d'elle ne lui répondit pas. Elle la dévisageait simplement, en caressant la reliure du livre qu'elle portait à la ceinture. Elle renvoya une de ses mèches derrière son oreille.

" Pour moi, tu ne représentais rien. Enfin, presque rien. Vois-tu… Je ne suis qu'une étudiante de la HSSUP comme les autres : pouvoirs, quête de maîtrise, volonté d'aider le monde, et de se sentir libre… Bref, la totale, tu vois ? "

Le mépris dans sa voix irrita Harriet plus que de raison. Elle en venait à se demander pourquoi elle avait accepté de prendre des étudiants en mission. Peu importait leur âge, ils étaient tous les mêmes : insupportables, simplement guidés par l'idée de commencer leur carrière de héros.

La gamine reprit de plus belles.

" Vois-tu, je sais que ton Don est lié à des légendes qui remontent à la nuit des temps. Légendes sur lesquelles j'ai beaucoup appris. Et dans ces légendes réside une part de mon pouvoir. Et… Il se peut que je ne puisse lire tous les passages de ce livre. Alors j'aimerais deux choses : que tu m'expliques comment cela se fait qu'Hastur ait voulu de toi pour hôte, et… Que tu traduises ce livre. Ou au moins tout ce qui concerne la nécromancie. "

Hariett senti son rythme cardiaque s'accélérer. Pour avoir autant d'assurance, cette Mordren devait lui cacher bien des secrets. Déjà, le fait qu'elle ne s'approche jamais d'elle à moins de six mètres indiquait qu'elle connaissait la limite de son pouvoir. Pas assez bien pour la jauger correctement, mais elle savait qu'il y avait une limite.

" Allons… Je vais t'épargner les parties sans intérêt : tu t'appelles Hariett Deschamps, nom que tu as pris le soin de changer quand tu es devenue Joker en Hariett Hastur. Tu es aussi le héros " King in Yellow ", que tout le monde appelle " Yellow " parce que ça fait plus court.

Tu es aussi l'hôte d'une créature qui ne devrait même pas exister sur ce plan de la réalité, une sorte de pont entre des univers improbables et le nôtre.

Je me fous royalement de ton enfance. Je suis d'accord avec toi : à part savoir si tu as été heureuse ou pas, ce qui ne me regarde pas, ça n'apporte rien. Ce qui m'intéresse en revanche, c'est Hastur. "

Hariett soupira. Au moins, cela ferait passer le temps avant que la mission ne commence vraiment.

" Pour faire simple : je n'ai rien choisi. Le précédent élu de l'Indicible était convaincu que le forcer à fusionner avec mon âme était une idée de génie. Alors, au moment où il a éliminé le dernier héraut connu de Yog-Sothoth, il a aussi condamné son propre maître à choisir un hôte vertueux sur le point de naître. Et la personne à laquelle il pensait, bah… Moi, sortant du ventre de ma mère.

Les années ont passé, et j'ai grandi avec une forme de présence en moi. Je ne la voyais que la nuit, dans mes rêves. Elle était immense, monstrueuse, terrifiante… Mais aussi incroyablement rassurante. Je faisais toujours ce même rêve, où je me retrouvais dans un monde improbable avec cette créature. Toutes les nuits, il me parlait dans une langue que je ne comprenais pas au début. "

" Et en quoi ça me regarde tout ça ? "

" Laisse-moi continuer. J'ai donc appris cette langue peu à peu, comme on apprend à parler le Français ou l'Anglais. Cette langue, c'est le R'Lhyen. Celle qui a servi à rédiger les passages importants de ton ouvrage. "

Hariett hésita un petit moment, puis continua.

" Mon pouvoir dépend entièrement de Hastur. Plusieurs fois, j'ai perdu le contrôle. La première, c'était au collège. Je me suis donc logiquement retrouvée transférée dans une école pour dotés, loin de mes amis, de ma famille… Tout ça pour avoir traumatisé un groupe de brutes !! "

Mordren et Hariett échangèrent un court fou rire.

" Puis au Lycée, il y a eu un autre incident. J'ai vécu une prise d'otage, et j'ai… Massacré les terroristes. Enfin, Hastur les a massacrés. C'était horrible, sanglant, violent. Avec éclats de cadavres, des os brisés, et de la chair qui vole en éclats. Alors, celui qui a enfermé Hastur dans mon corps m'a retrouvé, a maîtrisé la Bête, et m'a fait ces tatouages.

Par chance, dans la ville où avait lieu la prise d'otages sévissait un Doté qui se nourrissait de chair humaine pour alimenter son pouvoir. Avant l'arrivée de la police, il était passé sur les lieux pour tout nettoyer, profitant de la léthargie collective des otages pour ramasser les cadavres des criminels. J'ai donc eu très peu d'ennuis, vu qu'il a été accusé de la disparition des terroristes.

Suite à cette mésaventure, les runes gravées sur ma peau ont légèrement éloigné Hastur de mon esprit. Il était toujours là, mais il ne pouvait plus prendre le contrôle comme il l'avait fait auparavant. C'est moi qui l'autorise à agir, et non plus l'inverse."

Elle remonta sa grande cape jaune, et révéla d'étranges symboles que l'étudiante fit mine de ne pas comprendre : c'était des runes de gardes comme elle en avait trouvé dans le Necronomicon.

" Il m'a ensuite laissé un grimoire, et un an pour le comprendre afin de le retrouver et le rejoindre. J'ai alors passé autant de temps à étudier mes cours que ce bouquin. Au bout d'un an, j'ai passé mon bac, et je suis partie de chez moi. Je t'épargne les détails concernant les lamentations des parents, et leurs angoisses. J'ai dû lutter tout l'été pour avoir le droit de quitter la maison. C'est fin août, après leur avoir expliqué un plan de route bidon avec des détails bien ficelés que j'ai pu partir à l'aventure.

J'ai donc retrouvé l'ancien héraut d'Hastur pour apprendre à user de mon Don. Et même si actuellement, les runes m'empêchent de me servir de tout mon potentiel, le peu de pouvoir que j'ai est largement suffisant tant que je ne dois pas faire face à Carnage.

J'ai donc passé trois ans de ma vie à étudier dans la cité perdue de R'Lyeh, en compagnie d'un vieil ermite… Et en y repensant, je crois que plus cliché, c'est la mort des parents avec désir de vengeance et costume moulant.

Puis quand j'ai enfin quitté la cité souterraine et l'île sur laquelle elle se trouve, j'ai pu parcourir le monde et faire mes premières armes en tant que héros. Et quand je suis arrivé à Laurel, je suis tombée amoureuse de la cité : une grande place pour l'Art et le Street Art, des criminels pour m'occuper et donner un sens à mes pouvoirs, et même un poste officiel de Super Héroïne ! "

Swan bailla, désintéressée.

" Ok, c'est bien beau tout ça… Et la traduction ? C'est quoi le rapport entre ta vie dont, comme tu l'as dit, on se fout royalement, et mon livre ? "

Hariett se retint un moment de frapper la gamine qui l'accompagnait, avant de se raviser. Son insolence était réellement sans limites…

" Le rapport, j'y viens. R'Lyeh n'est pas seulement une cité : c'est aussi un temple. Et au centre de ce temple se trouve un autel dédié à Azathoth. Et si tu veux tirer toutes les informations de ce livre, c'est là que tu dois aller. Et en tant que Gardienne de R'Lyeh, moi et moi seule peut t'aider à y accéder. "

Swan hésita un petit moment.

" Si tu as d'autres questions, gardes les pour plus tard. C'est bientôt l'heure, et notre cible ne devrait plus ta… "

Un bruit d'explosion retentit, et le plafond s'écroula. Prise de panique, Hariett jeta Swan loin d'elle avant de se faire ensevelir.

Après un court moment passé à dégager son bras, elle s'extirpa des décombres, le visage couvert de sang. Son masque commençait à tomber en morceaux, découvrant sa bouche grimaçante de douleur complètement paniqué. De l'autre côté de la pièce, Mordren à genoux, la tête entre les mains, et Gambino derrière elle, lui psalmodiant des ordres. Ses hurlements étaient insupportables pour Hariett, elle savait ce que ça faisait d'être victime de Mastermind. Combien de fois s'était-elle retrouvée sous son emprise avant d'enfin réussir à l'enfermer dans une illusion pour la première fois ? Et là, son élève se retrouvait là où elle aurait dû se retrouver… Elle sentait la rage et l'impuissance l'envahir.

Puis elle sentit quelque chose fendre l'air. Juste à côté d'elle, une sorte de sphère violacée vola en éclats crépitants, libérant comme un murmure, un râle d'agonie. Mordren était donc totalement sous son emprise… La partie s'était compliquée quand Mastermind était arrivé, mais alors si en plus il récupérait une élève, ses chances de l'emporter, dans l'immédiat, s'amenuisaient grandement.

Hariett sourit. " Quasiment. ", pas impossible. Mordren ne pouvait que l'attaquer, pas l'immobiliser : pas de cadavres à relever, pas de morts titubants ni d'armée de goules pour la ralentir ou la gêner. Et au vu de la lenteur de ses attaques et de leur précision relative, c'était un jeu d'enfant de les éviter. De plus, Mastermind ne pouvait posséder qu'un seul super à la fois.

Possible.

Elle sortit les deux parties de son bâton de ses manches, arracha la partie inférieure de son masque, et jeta sa cape jaune au sol.

" Tu devrais abandonner, Yellow King. Cette fois, j'ai la situation à mon avantage. Je sais que tu ne peux pas t'attaquer à tes alliés. Et là, je la contrôle. Celle-là est mon nouveau jouet. Et elle… "

Hariett se rua sur Swan, esquivant ses attaques. Avant même que l'élève n'eut le temps de lever sa canne ou d'en sortir la lame, elle lui enfonça son genou dans l'estomac, se délectant du plaisir de céder enfin à ce besoin qui la hantait depuis qu'elle discutait avec l'élève. La jeune fille s'effondra, maudissant la Joker.

" Tu fais des dommages collatéraux maintenant, Yellow ? Tu me déçois, tu sais ? Je pensais que tu ne t'en prenais qu'aux crimin… "

Un bruit sourd résonna dans toute la pièce. Mastermind fit un tour sur lui-même et s'effondra, soulagé du poids de quelques dents sous la force du coup de bâton qu'Hariett lui avait collé. Elle le saisit au col, le traîna sur quelques mètres, et le lâcha avant de lui arracher ses écouteurs et de reculer de quelques pas.

" Amuse-toi bien, connard. "

Elle libéra sa zone pour les quatre secondes les plus satisfaisantes de sa vie. L'homme hurla, pleura, la tête tournée vers les cieux, le regard vitreux. Son corps convulsait devant l'improbable réalité qui s'offrait à lui, son esprit se brisait peu à peu. Puis le silence. Hariett s'avança doucement vers l'homme perdu dans une forme de léthargie, et… le vit s'effondrer, les jambes et les bras secs, noircis.

" Je ne l'ai pas tué. Mais il va avoir du mal à reprendre ses activités. "

Hariett ne lui en tint pas rigueur. Elle ne l'avait en effet pas tué, et maintenant, sa Némésis était hors d'état de nuire pour de bon. Les pauvres gens qui avaient subi son influence au moins une fois étaient vengés, toutes les victimes de ses arnaques, de ses vols, et autres escroqueries pouvaient respirer en paix. Mastermind n'était plus qu'un mauvais souvenir.