Où est-ce que j'ai fini moi ? Je crois que je suivais un oiseau. Un bel oiseau, il avait le plumage blanc et violet, le bout de ses ailes laissait une petite brume violette derrière elle, sa queue formait un éventail, sa tete semblait être un bec plus grand que son vrai bec, faisant un double bec. Il était beau cette oiseau, mais quand je suis arrivé ici, il a disparu, il n'est pas poli cet oiseau.

C'est parce qu'il n'est pas poli que j'ai fini par me perdre, je ne sais pas où je suis, quel horreur. Je tournes ma tête à droite, de l'eau, à gauche, de l'eau, en bas, un pilier fait de roche émoussée, détériorée par de faibles courants. J'ai du sauter de rocher en rocher, sans doute, est-ce que ce sont des rochers ?

Cela ressemble à des boutes de bâtiments, je me trouves dans une ville ? Depuis combien de temps je chasse cette oiseau ? On dirait bien une ville, des morceaux de bâtiments détruits et rongés par des eaux sans limite, sans contrainte. Ce n'était pas une bonne idée de construire cette ville, l'eau est bien plus belle qu'une ville, plus tranquille, plus apaisante.

Le paysage est inspirant, j'ai decider d'en faire quelque chose dont je m'en souviendrais. Mon reflet par sous l'eau, l'eau se reflètent de sorte à ce qu'on est l'impression que le reflet est sous la masse de liquide transparent, ça permet à mon autre moi de faire de la plongée, de toutes manières elle n'a pas besoin d'air. Elle explorait les fonds de cette ville sous-marine, moi je la reproduisais à l'identiques, retirant l'effet de l'eau dans mes traits, exagérant la détérioration du béton, sublimant les rayons du soleil filtrés par l'eau azurée.

Une petite pause s'est imposée lorsque le silence m'a gavé, de mon miroir de poche, je sors mes écouteurs, je laisses mon téléphone à l'intérieur et je lances une playlist aléatoire. Je tombe sur du métal, une cover métal plus précisément. Parfait. Je reprends mon oeuvre tandis que mon reflet continue de s'avancer dans les profondeurs de la ville.

- I'm made o~oo~oof loo~oo~ove ~

Je continuais de satisfaire mon caprice artistique, lors que mon reflet perçoit à une vingtaine, peu-être trentaine de mètre de ma position, un groupe fort atypique. Un squelette, un enfant, une femme, un chevalier et un monstre, un quintet n'ayant rien de classique, que ça en est intriguant. Les ajouter à mon oeuvre en romprait la continuité stylistique, et si je dansais avec eux ?

J'utilise la surface de l'eau comme miroir pour ranger mes affaires et sortir mon masque et ma toge, par sécurité, je me dévêtis avant pour ranger mes vêtements dans le miroir. Une fois de nouveau couverte, mon reflet remonte petite à petit à la surface, là où l'eau est la moins trouble. Je crois mes bras au dessus de ma tête, tendus. Cela soulève ma toge, dévoilant mollets et pieds, je n'aurais jamais pensé que la sensation de la roche froide serait aussi apaisante.

Au rythme d'une waltz vampirique, je me mets à danser de pierre en pilier, ma toge reste sur mes épaules, dévoilant de temps à autre une cuisse, un bassin, une épaule dans le pire des cas, mais je ne fais pas de grand geste, même si être vue ne me perturberait pas temps que ça, j'ai tout de même conservé mes sous-vêtements. J'aimerais marcher sur l'eau, ma danse ne serait pas limité au sol, je pourrais voir les vagues causées par mes pas, ce serait comme danser sur le ciel.

Mon reflet est arrivée aux pieds du squelette, ralentie par la nage pittoresque de la créature de cauchemar. De ses deux mains trempée, bien qu'invisible à moins de regarder l'eau, elle saisit les jambes du squelette et l'entraîne avec elle dans l'eau. Pourquoi faire ça ? Sachant que mon reflet disparaîtra aussitôt que le squelette troublera l'eau en se débattant ? Mais pour faire peur voyons ! N'est-ce pas l'une des meilleures inspirations ? Leur visage effrayé, énervé, désabusé, ahuri, tout ça me permettra de retranscrire le meilleur d'eux dans un croquis plus brillant que l'or poli.

- I can't even, remember how it started. a nagged voice ...

Je me suis mise à chanter, sans aucune raison, sans même me souvenir des paroles que je récites comme une poésie. Il semble que je sois heureuse de pouvoir m'amuser avec ces cinq là sans être grondée.

Si ça leur posent soucis, qu'il en discute avec l'oiseau impoli.

On m'appelle ? Je crois, je suis pas très sûre. Dans le doute, je m'arrêtes et regarde mes petits sujets, ils en ont de magnifiques expressions. Colère, angoisse, peur, indignation, scepticisme, curiosité. Je prends mon appareil photo et mon reflet les photographies tous, sous tout les angles, il en profite également pour prendre leurs mesures pendant que moi je les notes dans mon petit carnet.

Qu'est-ce que je fais ? Grande question, je pourrais continuer mon petit manège, voir jusqu'à où je peux les pousser avant de m'en aller. Je pourrais descendre et me les faire un par un, prendre le gamin dans mes bras, le noyer, tracer un sourire sur son visage, rien faire. Bon, trop de réflexion, je sautes. J'atterri directement dans le miroir, plus la gravité inversée du miroir ralenti ma chute plus l'inverse, me faisant de nouveau passer la limite entre ces deux mondes et me faisant atterrir dans l'eau sans que je m'éclates les jambes.

L'eau est agréable, froide, mais elle me donne l'impression de me déplacer dans une chambre remplie de soie. De soie froide, mais est-ce que la soie n'est pas plus douce que l'eau ? J'ai envie d'essayer, peut-être avoir une écharpe en soie, je devrais la voler par contre, ça coûte cher. Où en étais-je ? j'arrives plus à me souvenir ce que j'étais en train de faire. Je tourne à droite, je tournes à gauche, je me gratte la tempe, la faisant saigner avec mes ongles, puis regarde le gamin emmitouflés dans des serviettes, qu'est-ce qu'il fout là ?

Hop, je passe dans le miroir naturel qu'est l'eau et ressort derrière lui, je ne devrais pas faire ça, je vais mourir asphyxiée si je restes trop longtemps dans un miroir, mais pour quelques mètres je ne devrais pas avoir de problème ... Probablement. Si je commences à voir que j'ai quatre main, je rentrerais, on ne sait jamais.

Donc, me voilà derrière, combien j'ai de main ? Deux, c'est bon, est-ce que je respires encore ? Semble-t'il, rien à signaler ! Deux pas plus tard, me voilà caressant sa petite tête, est-ce que ce serait facile d'y enfoncer un couteau ? Tout est facile avec un couteau, vous ne pensez pas ? Je penses qu'ils m'ont enfin remarqué, mais les ont-ils remarqués ? Aussitôt que leurs visages ce sont tournés vers moi, un reflet  a été crée par œil, ils sont tous en joue, quant à celui dans l'eau, ils devraient le remarquer aussi maintenant, que je l'ai fait passé dans le miroir lorsque j'ai touché la surface de l'eau. Cela a été très dur, comme il n'arrêtait pas de bouger et de troubler le reflet.

- Une petite devinette, combien faut t'il de temps à l'organisme humain pour réagir lorsque son cerveau ordonne une action à un muscle ? Réponse, bien plus de temps qu'il me faudra pour effacer ce joli visage.

Si je cranes ? Bien sûr, c'est dans mon début de plan. Il faut mettre la pression sur ce qui semble être leur petit protégé, la grande a tout de suite foncé sur le petit, ils l'ont couvert lui avant le squelette. Par contre le grand en armure semble lié plus intimement au petit squelette, devrais-je mettre la pression sur lui aussi ? Le problème c'est que le grand maigre peut entraver les actions d'un de mes reflets, il peut les voir comme il est dans le miroir, je doutes qu'il puisse interagir avec le vrai monde comme mes reflets le font, comme je doutes que mes reflets lorsqu'ils sont blessés me blessent.

- Je ne suis plus très coutumière des conventions sociales en vigueur, se présenter est toujours d'actualité ? Oh et si vous bougez, il finit en plus percé qu'un emmental.

Il l'avait énervé. Crier dans son monde avait le don de l'énerver plus vite que la normale. Elle était de plutôt bonne humeur jusque là, s'amusant à sa façon, maintenant qui sait ce que s'amuser veut dire pour elle. D'un mouvement sec, on peut croire qu'elle vient de se briser la nuque en penchant la tête sur la droite, puis elle refait le même son morbide en la penchant sur la gauche.

Proche de l'eau, elle s'approche de l'eau et attends que j'agisses. Je devine ce qu'elle attend de moi et saisit le corps chétif du crieur. Son corps chétif ne reflète que trop bien sa faiblesse outrageante, j'ai l'impression de tenir un biscuit. Accompagner des moi provoqués par les regards braqués sur elle, nous plongeons la tête du gueulard dans l'eau, la faisant ressortir dans le vrai monde à ses pieds. Sans un regard, elle frappe la tête comme un ballon de foot en coupant l'accès au miroir simultanément, coupant le gueulard au niveau du coup. Sa tête difforme plonge un peu plus loin dans l'eau tandis qu'elle se retourne.

- J'étais de bonne humeur, et je comptais même vous laissez partir tranquillement sans blessé, mais vous m'avez énervé, pas qu'un peu même.

Nous nous mettons en place. Accompagnée des deux reflets causés par les yeux de la femme pelant, je tente de lui couper partiellement un bras, le reflet de l'oeil gauche me suis dans mon action et attaque à ma suite sur un bras différent. La troisième moi saute sur la jambe de l'enfant, elle doit être vraiment en pétards pour m'ordonner de faire ça, je pourrais presque discerner un vague lueur doré autour de ses yeux, elle n'aime vraiment pas se faire crier dessus.

Sa sadique imagination ordonne à la moi de l'armure de s'infiltrer à l'intérieur, ce qu'elle fait. Il n'y a personne à l'intérieur ? Comment cela peut se déplacer ? Ce n'est pas suffisamment important pour enlever le regard noir de ses yeux, la netteté de l'armure étant impeccable, sans doutes grâce ou à cause de son entretien récent, le reflet à l'intérieur est en pleine possession de sa force et tente de bouger la masse de métal par lui même, ou du moins l'arrêter. C'est le seul mécréant qui pourrait la mettre en échec, elle le veut sous contrôle le plus tôt possible.

Se laissant tomber dans le miroir de l'eau pendant que nous nous attelons à nos ordres, elle ressort à l'opposé de sa position d'origine quelques secondes plus tard et lance sur le squelette son couteau, visant bien évidemment la tête. Qu'il l'esquive ou non, elle se rapproche de lui suite à son action, préférant éviter de rester à portée du gueulard dans le miroir même si la connexion sonore entre moi et elle est rompu pour l'instant. Une fois à portée du petit squelette, elle l'emporte avec lui dans l'eau aidée d'une des moi qui m'aidaient sur la femme, à deux sur un seule type ne devant pas peser plus de vingt kilos d'ossement, je doutes qu'elle ait un soucis à le jeter dans l'eau et dans l'autre côté du miroir par la même occasion.

Le moi dans l'armure du chevalier essaye de la faire bouger vers le gamin, un pas après l'autre, luttant contre le répondant de ce monstre de foire. Son objectif est claire, l'étrangler et au pire l'envoyer dans l'eau suffoquer dans le miroir. Depuis l'extérieur, ma seule partie visible se situe dans l'intérieur du casque. Camouflé en majorité par la pénombre, seule mon sourire se voit, donnant l'impression que l'armure est possédée, maudite ou sous le sortilège d'une sorcière.