“Je suis une vestale et la salle de colle est mon temple.”

Aujourd’hui, c’est jeudi. Et le jeudi, c’est mon jour de colle. Je passe entre une et trois heures à ce bureau toute les semaines. En règle générale, ça dépends de l’humeur des profs, ou de la mienne. Cette fois-ci, c’est que l’ancienne sous directrice n’a pas vraiment apprécié que je clame :

“Tsukito c’est peut être un opportuniste, mais lui, au moins, c’est pas une couche toi là qui gère l’école comme un centre de vacances.”.

Elle m’a demandé de me répéter, ce que j’ai fait. Elle m’a ensuite demandé de m’expliquer, face à la classe. J’ai donc défendu mon point du vue. Lui ai présenté, yeux dans les yeux sa réputation, et pourquoi même si je trouvais que le directeur était un type bizarre, c’était un bien meilleur directeur qu’elle. Je lui ai balancé au visage son manque de flair pour Robert, et le ratio d’élève qui à viré criminel sous son mandat. Les choses ont chauffées, elle à commencé à taper la ou ça faisait mal. Je lui ai proposé de régler ça dehors, comme des grands. Elle m’a collé. Qu’est-ce que je déteste ce genre de petites réflexions discrètes, pas assumées dans le dos. Si elle à quelque chose à dire au pédophile, qu’elle le fasse en face. Et puis ça aurait été marrant d’écraser l’ex dirlo.

“Tome 2 de la liste des pouvoirs du personnel par Camille et Eva, page 24. Le pouvoir de Miss Randi est intéressant, certes, mais il ne convient pas contre un adversaire effectuant des assauts puissant et à répétition. Equipement conseillé : Arme perçante.”

Dommage qu’elle ai refusé. J’aurais pu mettre en application nos longues heures de préparation avec Camille, et prouver une fois pour toute que je ne suis pas qu’un chien enragé, contrairement à ce qu’elle sous entendait.

Je me retrouve donc dans le coin de la pièce, accoudée sur mon bureau, le regard porté vers l'extérieur, et j’attends. En Beta, on me demandait normalement de recopier des lignes, mais maintenant, il est de notoriété que c’est une chose que je ne ferais pas, et que je sais me montrer patiente et bornée. Du coup, on me mets là, à ce bureau, “punie”. Je reste donc immobile, jonglant avec un crayon, soupirant bruyamment pour déranger le surveillant qui essaie de lire. Je profite généralement de ce temps pour recompiler proprement, dans ma tête, tout ce que j’ai appris durant la semaine. Une sorte de check-up complet en somme. Je me repasse tout, de mes entraînements jusqu’aux plans de mes futurs gants, en passant par les rediffusions de combats de Jokers qu’on à vu en cours. Puis, une fois que tout cela est terminé, je balance généralement ma chaise en arrière, contre le mur, pose mes pieds sur la table et me mets à roupiller calmement. Mais des fois, comme aujourd’hui par exemple, je suis sauvée par une intervention divine. Des fois, le téléphone du surveillant vibre sur sa table et me sort de ma torpeur.

“Eva. Prépare toi, tu part sur le terrain”

Les heures de colle sont une forme d’autorité, mais toujours inférieure aux décisions du centre Joker et du Directeur. Je m’étire donc bruyamment, tout en baillant, puis pousse ma table du pied, démolissant une fois de plus le peu de calme de la pièce avant de me diriger vers l'extérieur, taquinant le surveillant au passage. Je me dépêche d’aller à mon casier de lycéenne pour récupérer mes rollers, rouges vifs et à mon casier du cursus héroïque pour récupérer Nagini et ma tenue. Je m’équipe rapidement et part en direction de la ville ou je dois retrouver mon Joker assigné.

J’arrive en une heure sur les lieux, ce qui est relativement rapide au vu de la distance qui sépare la sup de ce lieu précis. Grâce à mes rollers, je me faufile dans les chemins, les ruelles, m’accroche aux voitures, ce genre de choses. C’est un avantage tactique à ne pas négliger. Pouvoir être déployée partout est une chose important pour un bon Joker. Je marche quelques pas, cherchant du regard la personne que je suis censée retrouver. Elle m’interpelle, je me retourne. Combinaison noire, une femme avec des formes. C’est Shapeshifter Une Joker de la première heure ultra populaire. Elle se transforme en ours pour écraser les criminels. J’ai une peluche d’elle dans ma chambre, posée juste à côté de mon sacro-saint autographe de Strider.

Je lui serre la main, sa poigne est forte, comme d’habitude. Elle me fixe quelques instants, tiquant probablement sur l’absence de masque de ma part, elle relève en rigolant, mais ne force pas plus que ça, comme les dernières fois. Trop de fois je me suis prise la tête avec un Joker à cause de cette histoire de masque, mais je sais qu’avec elle, ça ne pose pas vraiment de problème. Cette mission allait bien commencer avant qu’elle ne m’appelle par mon prénom. Je déteste ça, alors je l’insulte et m’énerve. ET CA LA FAIT RIRE !

Elle m’explique notre mission, je l’écoute avec attention, même si mes bras sont croisés, que je la regarde pas et que mes sourcils sont froncés. Ce dont elle me parle me fait penser à plusieurs informations que j’ai entendue par-ci par-là. Ca risque d’être dangereux. Je sens mon sang bouillir, je suis bouillante d’excitation. Une mission risquée, tout ce qui manquait à ma journée. Elle continue en me présentant notre plan, et en m’expliquant ses capacités, que je connais évidemment déjà. J’ai bien une cinquantaine de pages sur Shapeshifter avec Camille. Mais elle soulève un point intéressant, elle est une Joker avec un gros Pedigree de traques, c’est d’ailleurs elle qui a arrêtée l’ancien maire. Cette nana est trop cool.

On progresse lentement dans les quartiers chauds de la ville, les regards se plantent sur nous. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les gens ont un sourire bienveillant aux lèvres. Ils sont heureux de voirs des représentants héroïques de l’ordre dans le coin. Nous véhiculons un sentiment de sécurité, et c’est tout ce qui compte. Puis à un moment, Shapeshifter m’arrête. Elle m’indique notre cible, et à cet instant, une course poursuite se lance. Il est rapide. Trop rapide pour un être humain. Il tente de nous perdre dans des ruelles. Un vrai fantôme. Avec la Joker, nous sommes facilement a 30km/h, mais n’arrivons pas à le rattraper. Il sème poubelles et passants sur notre chemin, avant de se lancer dans un grand escalier. Les sommations de Shapeshifter n’ont rien donné. C’est l’heure de rentrer en actions.

Je saute sur la rampe, grindant comme jamais avant de toucher le sol. Je me penche légèrement, pour gagner de la vitesse, Nagini en main, et fonce à toute allure avec mon don, laissant l’ursidé quelques mètres derrière moi. Je dois le ralentir.


“CRIMSON AAAXE” hurle-je

Je lance ma jambe avec une vitesse folle, dans sa direction et à l”horizontale. Je surprends généralement mes adversaire en levant mon roller aussi haut. Mais lui, esquive. Malgré la course, il baisse son buste de la même manière que dans matrix, et riposte aussitôt. J’évite son coup, mais sens l’air se distordre à son passage. Ce type est dangereux, si il me touche, c’est l’hosto. Néanmoins, il se retourne. Il arrête de fuir et donc décide de nous affronter. Parfait. Il lance ses poings dans ma direction que j’esquive sans trop de difficulté. Ses mouvements sont fluides, mais humains. Puissants, mais fluides. Il tente de m’asséner une violente droite, que j’évite. J’accompagne son mouvement en enroulant Nagini autour de son bras, et lui fait un croc en jambe avec l’autre extrémité de cette dernière, le balançant au sol.

“C’est une augmentation de capacité physique. Comme si tu étais sous adrénaline permanente, d’ou tes reflexes.. On à des énergumènes aussi comme ça à la sup. Rends toi ou je te démolis.” dis-je en m’adressant à lui en apparence, mais communiquant mes observations à Shapeshifter.

Une grimace apparaît sur son visage. Monsieur est vexé. Il parvient étonnamment à se sortir de mon emprise pour se relever. Il est face à moi. En une fraction de seconde, il lève la jambe, et je saute sur le côté. Je ne tente pas de l’esquiver lui, plutôt l’immense ours qui le charge dans son angle mort, envoyant sa carcasse s’écraser contre le mur. Il à beau être fort, mais ce genre de choses sont un peu trop violentes, même pour un altéré. Je me précipité sur lui et enroule Nagini autour de lui, isolant tout ses membres, les bras dans le dos, le tout verrouillé par le système d'électro aimant.

Je jette un regard complice à Shapeshifter, elle hoche la tête. Je relève notre fuyard et le bloque contre le mur.

“Bon sac à merde, tu va parler ou je t’arrache un à un tout les poils sur ta gueule de con, et j’en fait un bouquet pour te le fourrer dans le cul.”

Il détourne les yeux, ses lèvres tremblent. Il sait qu’il est cuit, qu’il va finir en prison. Il à certainement compris que parler est le seul moyen de le mettre en sécurité. L’emprise de Nagini autour de son cou se resser lentement, et ses bras remontent lentement dans son dos.

“L’héroïsme n’est pas une valeur qui existe chez les trafiquants d’humain. Si tu ne parles pas, je te brise la nuque. "

Je ne rigole pas. Je suis sérieuse. Enervée. Je vais lui péter les dents. Il ouvre difficilement la bouche. Et arrive à dire.

“Ils vont me tuer …. si je parle.”

“TU VEUX CREVER MAINTENANT OU DEMAIN SAC A MERDE HEIN ? OU C’EST QUE TU AMENAIS TA MERDE HEIN ? ET TON COLIS TU L’A PLANQUÉ OU ???” lui cris-je au visage

Il plante ses yeux dans mon regard injecté de sang.

“Au 296 rue lesq…. aaah …. AAAH …. ENLEVEZ MOI CA !!!”

Il se met à hurler. Une terreur sans nom se lis sur son visage. Je délie Nagini et la ramène sur moi, c’est peut être dangereux. Il tente de retirer quelque chose sur sa nuque, tout ça en une fraction de seconde. Shapeshifter tente d’intervenir, mais il se calme instantanément. Des larmes coulent sur son visage. D’abord de l’eau, puis du sang. Il tombe au sol, et se mets à vomir ses tripes, littéralement. Une sorte de mélange odorant entre un estomac décomposé et des tripes acidifiées. Sa peau se fripe, ses muscles lâchent, et au bout de quelques secondes son corps ramolli aux muscles liquéfié traîne sur le sol. Mon regard n’arrive pas à se décrocher de lui, je vois quelque chose de métallique dans son cou. Comme une perfusion métallique ou quelque chose comme ça. Mais je tremble, je n’arrive pas à réfléchir. L’odeur, la vue, le bruit. Tout est trop horrible. Je titube et recule de quelques pas, ma peau est blanche comme du marbre. Mon estomac lâche. Et il me faut de nombreuses secondes, avant de reprendre mon esprit.