Sujet: every day we live a miracle ☽ solo Lun 18 Mar - 13:28
chapitre I.
Can you feel the pain, See the mess and trouble in your brain, Anger you retain.
every day we live a miracle.
Les portes de l'ambulance s'ouvrent violemment, et le chariot est rapidement descendu, sans beaucoup de délicatesse. Poussé par quatre personnes, chacune avec une tâche spécifique pour maintenir leur patiente en vie, il percute les portes de la salle d'urgence et entre en trombe dans l'hôpital. Les pas précipités des infirmiers et médecins et le bip incessant des machines en marche provoquent un vacarme insoutenable, mais rien ne les perturbe. ▬ Stabilisée, elle s'est battue contre un criminel, brûlée à 60%, plusieurs côtes brisées, poumons perforés, bras gauche cassé, hémorragies internes. Trois milligrammes de corticoïdes, intubation nasotrachéale et perf Ringer lactale à fond! L'infirmière dirigeant le chariot élève la voix. ▬ Dégagez le passage! Un autre s'éloigne déjà. ▬ Je m'occupe de la perf. Il est déjà entrain de relier la poche au bras de la patiente lorsqu'elle est amenée dans une chambre provisoire. ▬ Un, deux, trois! L'équipe la transfère sur un lit. Les dégâts sur sa peau sont nettement visibles, plus de la moitié de son corps est gravement brûlé, la peau noircie, à l'apparence de simple carton calciné autour des plaies ouvertes. Une marque profondément ancrée dans ses chairs au niveau de sa poitrine inquiète tout particulièrement les médecins, mais le contact fut apparemment si chaud que la zone n'a pas saigné autant qu'ils n'auraient pu le penser. ▬ Pourquoi est-elle nue?▬ C'est Shapeshifter, son costume ne lui tient jamais longtemps. Préparez la salle de dégravillonnage, si on ne fait rien elle va mourir d'une centaine d'infections avant le lever du jour.
Plusieurs aides soignantes s’affairent donc à la doucher. C'est un travail fastidieux et délicat. Enlever les corps étrangers logés dans les plaies, lentement essuyer chacune d'elles avec des linges stériles, l'eau ruisselant lentement sur le corps meurtri de l'héroïne inconsciente. Cependant, même si la patiente est stable pour l'instant, il faut se dépêcher. Le bloc opératoire est déjà prêt, une équipe de chirurgiens l'attendent pour reconstruire sa cage thoracique en miettes et soigner les diverses contusions et autres os brisés. Dès qu'elle est amenée sur place, l'équipe ne perd pas une minute. Étant entre la vie et la mort, son sort repose entièrement sur l'efficacité des médecins. Chaque seconde est précieuse pour lui sauver la vie. Quand le gros des dégâts est maîtrisé, des greffes de peau artificielles sont méticuleusement posées puis bandées. Elles devront être remplacées par les greffes définitives cultivées à partir des cellules de la patiente.
La décision est prise de placer Shapeshifter dans un caisson hyperbare afin d'accélérer la guérison, et des hormones visant à augmenter la croissance des tissus lui sont administrées. Les médecins ne peuvent malheureusement rien faire de plus pour l'instant.
Ta conscience te revient, lentement. Au premier abord, tout est silencieux. Tu n'entends rien. Mais quelque chose résonne dans ta tête, quelque chose qui te prend au crâne comme une migraine, sans lâcher prise. Tout s'intensifie, jusqu'à ce que tu entendes une voix. Des mots se glissent, difficilement, dans ton esprit. ▬ Ouvre les yeux, Arzhela Judicaël Enid Artio. Mo 'níon. Tes paupières restent closes. Tu devines que tu es allongée, le corps engourdi, sans bouger. Tes mâchoires s'écartent et tu sens ta propre voix passer dans ta gorge en un souffle chaud. Tu es cependant encore trop désorientée pour remarquer que c'est la première fois que tu parles avec ce corps. ▬ Je-je ne peux pas respirer. Ta respiration s'accélère pourtant sous la panique, une sensation désagréable t'irritant la trachée, comme une gêne. Tu te rends compte que cette dernière est présente dans tout ton corps, en particulier au centre de ta poitrine. Tes paupières s'écarquillent alors soudainement sur de l'herbe verte, légèrement mouillée par la rosée. Tu voudrais crier ton malheur, mais la douleur est si forte que ton souffle se coupe, saccadé. Tu ne peux que promener tes yeux alentours, subissant l'horrible sensation de brûlure et de compression qui t’oppresse la cage thoracique. L'air humide et l'ambiance sombre te donnent l'impression d'être dans une forêt. Tu te mets à paniquer. ▬ Que se passe-t-il? Où suis-je? ▬ À l'hôpital, tu es dans le coma, sous respirateur. Tout va bien, ma fille, je veille sur toi. Ton cou, tes épaules, tes pattes, tes griffes, tout te semble en flammes. Mais seule l'odeur de l'humus te pique les narines, et quelques brins de mousse te chatouillent le museau. Tu refermes les yeux, essoufflée et gémissante de douleur.
Dernière édition par Elena Addock le Mer 27 Mar - 14:50, édité 1 fois
Elena Addock
❝ LOCALISATION : à la salle
❝ PT. EXPERIENCE : 135
Mythologique
: A
Sujet: Re: every day we live a miracle ☽ solo Mer 27 Mar - 14:38
chapitre II.
Pressure rocks you like a hurricane, Is it time for You to jump into the next train, Change of hand, make a stand.
every day we live a miracle.
Voyant ta souffrance, Artio s’accroupit devant toi. Tu perçois le tintement du métal à ses poignets lorsqu'elle se déplace. En un instant de silence, elle s'approche et dépose délicatement ses lèvres sur le bout de ta truffe. Un courant électrique chaleureux et réconfortant te traverse alors, parcourant chacun de tes muscles, du bout de tes griffes jusqu'à chaque poil de ton échine. La douleur s'estompe, sans disparaître totalement, mais tu retrouves lentement quelques forces, et trouves à nouveau celle d'ouvrir les yeux. Penchée au dessus de toi se tient une femme que tu n'as jamais vu, mais que tu as l'impression de retrouver après une éternité de séparation. Son visage est radieux, encadré par de longues boucles rousses, elles-même recouvertes d'une peau d'ours brun dont la tête repose aussi noblement qu'une couronne sur le haut de sa chevelure. Un sourire aussi fin que discret pince ses lèvres pâles lorsqu'elle te voit reprendre conscience, tandis qu'elle s'assied auprès de toi, une main sur ses genoux et l'autre venant caresser ton front. Tu tentes à nouveau de parler, même si ta gorge te brûle. ▬ Pourquoi... suis-je ici? Ses doigts passent entre tes deux oreilles dans un mouvement répétitif et apaisant. ▬ Les humains t'ont endormie. Mais tu souffrais toujours, à l’intérieur. Le feu de la démone dévore ta chair et carbonise tes os. Chaque nouvelle caresse t'apporte un peu plus de réconfort et de chaleur. Tu sens au plus profond de toi l'envie de te rapprocher, de chercher plus, de te blottir contre cette mère que tu rencontres seulement pour la première fois.
Progressivement, sa main te semble plus grande, et tes pattes plus petites. Tu réussis à te lever maladroitement, pour t'avancer. Quelques brins d'herbe chatouillent ton ventre fragile, et tu t'orientes à l'odeur, les yeux mi-clos par la fatigue. Ta mère n'est pas bien loin, elle s'amuse de te voir approcher. Sa peau sent la mousse, la terre, les bourgeons et le miel. Tu grimpes difficilement sur ses jambes, sentant son regard caresser ton dos lorsque toi, petit ourson étourdi, te couche et te recroqueville contre son ventre. Ta tête se glisse entre tes pattes avant et tu gémis douloureusement, ayant retrouvé ta voix d'enfant. ▬ Maman... j'ai mal dans tout le corps. Sans dire un mot, sa deuxième main rejoint la première, et tu peux sentir ses doigts passer entre chaque brin de ta fourrure. Là où sa peau te frôle, la douleur s'estompe et disparaît. Tu as l'impression d'être lentement baignée dans une rivière chaude au courant protecteur. Tes muscles se détendent l'un après l'autre, ta mâchoire se décrispe, et tu te sens réellement apaisée alors qu'une douce mélodie vient bercer ton esprit. Une chanson dont tu jurerais avoir déjà rêvé lors de ton enfance et à certain moment difficiles de ta vie. Tu la murmure avec elle, reprenant les paroles qui te reviennent comme si tu les connaissais depuis toujours.
A naoidhean bhig, cluinn mo ghuth Petit bébé, entends ma voix Mise ri d' thaobh, Ó mhaighdean bhàn Je suis à tes côtés, ô jeune fille Ar rìbhinn òg, fàs a's faic Ma jeune femme, grandis et vois Do thìr, dìleas fhéin Ta terre, ta propre terre fidèle
A ghrian a's a ghealach, stiùir sinn Soleil et lune, guidez-la Gu uair ar cliù 's ar glòir À l'heure de ta gloire et de ton honneur Naoidhean bhig, ar rìbhinn òg Petit bébé, ma jeune femme Mhaighdean uasal bhàn Noble jeune fille
Le silence qui suit, accompagné des bruits de la forêt, termine de guérir tes souffrances. Lorsque tu rouvres les yeux, tu es assise devant ta mère, qui est debout. Tu peux lire sur son visage tout l'amour maternel qu'elle te porte et qui te serre le cœur, réalisant que tu n'as jamais pu grandir avec elle, et que tu ne pourras jamais rattraper ce temps. Elle aussi semble regretter ce morceau de vie qu'elle a dû abandonner, son sourire trahissant une grande tristesse. Sa longue chevelure bouclée frôle ses hanches lorsqu'elle fait un pas vers toi, la main tendue pour la poser une fois de plus sur ton front. Le museau pointé vers son visage, tu l'admires enfin pleinement. La lumière du soleil pénétrant au travers des branches épaisses de la forêt se reflète sur ses bijoux en or, qui cachent en partie sa peau nue. Quelques perles son également placées dans la fourrure d'ours tombant dans son dos. Seul un pan de tissus de lin glisse sur ses hanches larges, lui-même également brodé au fil d'or de magnifiques dessins représentant diverses scènes de chasse. Les yeux baissés vers toi, pressant fermement son pouce sur ton front, elle récite solennellement. ▬ Quand Artio appelle ton nom, sache que tu es protégée. Que l'univers fournit toujours ce dont tu as besoin. Prend le temps de l'introspection. Ressens ta transformation à mesure que tu acquères une meilleure compréhension du pouvoir et de l'abondance du monde naturel. Reste calme, et ressens le pouvoir de la Terre, l'amour infini qu'Elle procure, remonter dans ton corps. Sa main glisse dans ta fourrure avant de la quitter, et Artio fait quelques pas en arrière, le menton fièrement relevé. ▬ Je t'ai toujours surveillée Elena. Et à partir d'aujourd'hui, je serais toujours avec toi. Mo ghrá thù. Son dos se recourbe alors, et lorsque ses mains tombent sur le sol, elles sont déjà de puissantes pattes griffues. Elle relève sa tête ronde, les oreilles en avant, et s'en retourne sans un mot de plus dans l'épaisseur végétale de la forêt, le soleil brillant toujours dans les perles d'or de son pelage.
#RENCONTRE #MATERNELle #BERCEUSE #clique pour la chanson
Sujet: Re: every day we live a miracle ☽ solo Mar 2 Avr - 17:35
chapitre III.
I can see your heart change, Wake up, No more nap, your turn is coming up.
every day we live a miracle.
Recevant la protection de ta mère, tu gardes les yeux fermés pendant un temps après que sa main t'ait quittée. Lorsque tu les rouvres, tu la vois s'éloigner de toi, se retourner. Disparaître. Vainement, tu esquisses un pas en avant, mais tu vois déjà sa fourrure brune se fondre dans le feuillage et définitivement s'y perdre. Malgré la douceur maternelle qui t'entoure encore, ton cœur se serre. Tu voulais qu'elle reste. Te guérir, s'occuper de toi. T'aimer comme la mère que tu as tant demandé à voir à ton père quand tu étais petite. Sans jamais qu'elle ne vienne à ta rencontre. Et vos retrouvailles furent si courtes... Tu baisses la tête, abattue. Et même si tu ne ressens plus cette écrasante douleur dans la poitrine, la fatigue te rattrape lentement.
Tête baissée, tu prends soudainement réellement conscience de ton environnement. À qui appartiennent ces pattes blanches? Il n'y a que toi, pourtant Elena. Aucun autre être vivant ne se trouve dans la clairière au centre de laquelle tu te tiens. Tu entends bien des oiseaux chanter, mais ces deux énormes pattes en réalité plus blondes que blanches sont bien à toi. Lorsque tu le réalises, tu tombes assise sur ton arrière train, décontenancée. Et le sol te sembles, lui, anormalement plus bas que tu n'en as l'habitude. Que se passe-t-il? Sans comprendre, tu lèves les pattes avants pour les regarder, admirant leur nouvelle couleur uniforme, et les quelques motifs plus foncés qui courent dans tes poils. Tu reconnais divers dessins celtiques, partant de tes griffes pour s'arrêter aux environs de ce qui correspond à tes coudes. Ils ornent ton pelage magnifiquement... et tu commences à faire le lien entre les entremêlement des motifs et le passage des doigts de ta mère dans ta fourrure. Tu te relèves rapidement et tords le cou en arrière, te tortillant un peu sur le côté pour observer ton échine. Tu constates que ton pelage est devenu nettement plus clair sur tout ton corps, passant du noir que tu connais à un blond presque blanc, ayant même quelques reflets d'or au soleil. Allant de surprise en surprise, tu découvres alors en faisant quelques pas sur le côté que tu es devenue bien plus grande et massive qu'un simple ours noir. Plus grande que n'importe quel autre ours vivant sur cette planète.
Cependant, tu sens au fond de toi que tu n'es actuellement pas sur Terre. Du moins, pas vraiment. Tout ceci n'est sans doute qu'une illusion dans ta tête, créée par le coma dont a parlé Artio. Un faible grondement sourd fait vibrer ta gorge lorsque tu tentes de te souvenir de ce qui a bien pu t’amener à l’hôpital. Au fond de ton esprit, tu retrouves une grande haine, un chaleur intense, mais aussi une profonde détresse. Tu comprends sans avoir besoin de chercher plus longtemps que tu t'es battue, et que tu as bien failli mourir, sans quoi tu ne serais pas dans cet état. Mais... pour quelle raison Artio est-elle venue me voir? Toi qui l'avait toujours pensé entièrement absente de ta vie, toi qui avait même fini par accepter le fait qu'elle t'ait abandonnée. Pourtant, tu avais tord. Le cœur se réchauffant, tu réentends sa voix t'assurant qu'elle a toujours veillé sur toi, depuis ta naissance jusqu'à ce qu'Abaddòn écrase tes côtes dans cette ruelle. Le souvenir de son pouce fermement appuyé sur ton front te donne une étrange impression de sûreté, et de courage. Le genre de chose que voudrais faire ressentir à ta propre fille, tous les jours. Tu baisses la tête, comprenant que Flare ne peut pas être ici. Une légère angoisse montant dans ta gorge, tu espères que le Centre Joker a bien contacté ton père pour qu'il vienne s'occuper d'elle... la savoir seule te déchire. Tu aurais dû demander à ta mère si elle était en sécurité.
Ta langue est sèche, tu as soif. Pour l'instant, tu es ici, tu ne peux rien faire de plus, et tu ne sembles pas encore prête à sortir de cette forêt. Essayant d'oublier ton angoisse, tu te redresses. La truffe levée, tu humes l'air, cherchant le fumet distinct d'une rivière ou d'un étang à proximité. Rapidement, tu décèles la fraicheur de la végétation humide et de la vase, tout à ta gauche. Le monde te parait si bas, depuis tes épaules si hautes. Certaines cimes de jeunes arbres te caressent le dos, et tu as bien du mal à te faufiler dans la végétation dense de la forêt sans l'abimer. Cependant, l'odeur d'humidité et de fraicheur se fait de plus en plus présente, et tu peux rapidement apercevoir le scintillement de l'eau à travers le feuillage. Quelques derniers pas plus tard, tu arrives devant le bord calme d'un lac paisible, d'où s'envolent quelques libellules. Tu observes quelques instants les alentours, le museau dans le vent. Seuls quelques animaux sauvages inoffensifs peuplent les environs. Tu te penches pour enfin te désaltérer, mais la vision de ton reflet t'en empêche. Au lieu de venir briser la surface de l'eau, tu t'arrêtes à mi-chemin pour contempler ta nouvelle apparence. Ta tête est bien plus ronde, et ta gueule plus large, ton cou posé entre deux épaules massives. Par réflexe, tu agites tes oreilles, cligne des yeux, ouvres grand la mâchoire, t'inspectant sous toutes les coutures. Enfin, quelque chose au centre de ton front attire ton attention, te forçant à te rapprocher lentement de la surface de l'eau. Tu as du mal à le discerner, mais il est pourtant bien là, tu en es sûre ; un autre de ces dessins celtiques, tracé par des poils d'un doré plus sombre. Il s'agit d'un triskel, tu le reconnais. Ta mère n'y est sans doute pas pour rien.
Décidément, cet ours que tu es devenue t'offre plein de mystères. Tu fixes la surface du lac sans bouger, perplexe. Tu ne sais en réalité par trop quoi penser de tout ça. Qu'est-ce que ça veut dire? Tu ne trouves pas de réponse. Finalement, tu cèdes à la soif et brises la surface de l'eau, avant de t'allonger dans l'herbe moelleuse qui borde le lac. Petit à petit, le soleil te réchauffe, ses rayons caressant chacune des cellules de ta peau, sa chaleur balayée par un vent frais. Tu fermes les yeux, parfaitement apaisée par ces caresses irrégulières, bercée par le clapotis des quelques vaguelettes venant s'écraser sur la berge, et les chansons des oiseaux.