Le silence est pesant dans la pièce, seulement brisé par les bips réguliers d'une machine. La lumière y est basse, tamisée. On peut voir l'éclairage de la rue, les lampadaires briller de cette douce lumière jaunâtre par les grandes vitres qui donnent une vue sur la ville. L'équipement présent rappelle indéniablement celui d'une chambre d'hôpital. Si l'on tend l'oreille, on peut entendre le ronronnement de la caméra prenant en vidéo cette pièce, ainsi que la respiration d'une personne visiblement endormie.

Alors que ce plan semble durer plusieurs longues secondes. Une forme se distingue dans la pièce. Tout d'abord un mirage, une incertitude, comme une apparition d'un mauvais film de série Z. La forme d'une jeune femme se prononce alors petit à petit par série de vibrations de longs cheveux châtain clair tirant presque sur le roux, de longs membres fins et athlétiques attestant d'une personne sportive, de grands yeux brillants comme deux rubis sans vie...

Et, enfin, une tenue des plus étranges, entre la robe d'une magical girl toute droit sortie d'un anime, d'un défilé très avant-gardiste et d'un tutu de danseuse classique se dessine un accoutrement noir de nuit, un body proche corps entouré de jupes de couleur noire. Des cuissardes relevant le tout, une redingote, des froufrous aux poignets et enfin un chapeau rappelant la tête d'un gorfou. La scène semble surréaliste.

Elle s'approche de la forme dans le lit. Doucement, de façon presque prédatrice et se penche au dessus d'elle. Enfin, elle caresse doucement le visage de celle-ci, ce qui semble être un sourire attristé au visage avant de prendre une chaise avec elle, la poser devant le champ de la caméra et s'y asseoir, regardant droit dans l'objectif de celle-ci.

"Mon nom est Saoirse Lynch. Je suis hospitalisée depuis maintenant deux ans dans l'aile attribuée aux patients frappés de commas. J'utilise toute la concentration dont je suis capable pour parler à présent. Si vous pouvez voir cette vidéo c'est que..."

Le silence retombe un instant, elle se mord la lèvre, les jambes croisées, ses ongles s'enfoncent doucement dans sa peau alors qu'elle garde ses bras croisés sous sa poitrine.

"C'est que j'aurai réussi à me donner la mort."

Elle semble avoir du mal à finir sa phrase. Elle se frotte l'arrête du nez un instant, comme essayant de se concentrer, de se remettre dans le chemin d'une idée maintenant présente depuis longtemps.

"J'ai... Dix-sept ans. Je suis née à Laurel de Dean Lynch, ancient résident irlandais et de ma mère Amy Lynch, qui a toujours vécu ici elle aussi. Je n'ai jamais vraiment eu à me plaindre. J'étais fille unique... Je suis fille unique d'un couple qui s'aime et qui possède suffisamment de moyens pour que j'ai toujours pu vivre correctement sans me poser vraiment d'autre questions que ce que j'allais faire le lendemain à l'école."

Elle semble raconter un texte, comme si elle avait déjà écrit tout cela dans un scripte qu'elle aurait apprit par coeur, Elle regarde la caméra directement, elle semble pleine de détermination.

"J'étais destinée à un grand avenir de danseuse, ou tout du moins c'est ce qu'ils disaient... J'ai toujours aimé profondément la danse classique, le mouvement, la liberté, ce genre de choses... Toujours est-il que depuis ma plus tendre enfance j'ai toujours suivi des cours de danse. A un tel point que j'avais commencé les cours professionnels et que ma professeur voulait me présenter à plusieurs concours. Bien évidemment les problèmes politiques actuels concernant les dotés étaient sur toutes les lèvres mais... Je n'y avait pas porté vraiment attention, j'étais jeune, jolie et douée. Le pire genre de gamine en somme.

Un jour, cependant, lors d'un entraînement je suis tombée, cela faisait des heures que je m'entraînais d'arrache pied, je devais gagner ce concours après tout n'est-ce pas ? La gloire était à portée de main. Quelle danseuse cracherait sur un enseignement à Paris ?"

Sa mâchoire se tend elle inspire, mais aucun bruit d'air ne vient. Comme si elle s'en rendait compte, elle laisse échapper un rire jaune.

"J'ai voulu trop en faire. Je suis tombée, de fatigue, mon corps ne pouvait supporter plus et ma tête à percuté violemment le sol."

Une émotion peu reluisante semble monter en elle.

"Lorsque je me suis réveillée, je flottais au dessus de ça."

Elle pointe la forme dormant dans le lit.

"Cette chose, cette erreur de vie humaine c'est... C'est moi. Ou ce qu'il en reste. Je suis tombée dans un coma profond. Et comme pour répondre à ce dernier mon cerveau à décidé qu'il était temps de débloquer quelque chose au fond de lui qu'il n'avait pas manifesté jusqu'à présent...

Je pense qu'il s'agit d'une forme astrale. J'ai un peu de contrôle dessus mais... Je suis principalement intangible, prendre forme et pouvoir parler me demande de l'énergie, je peux aussi tenir des objets ou matérialiser de petites choses mais le problème reste le même, cela me demande beaucoup d'énergie et reste limité dans le temps..."

Elle marque une pause, comme cherchant pour la première fois ses mots. Ou comme si elle voulait éviter quelque chose.

"Je... J'ai voulu prendre contact, avec mes parents, avec des membres de l'hôpital mais... Au début, j'étais heureuse, imaginez, pouvoir faire tout ce que vous auriez voulu faire sans que personne ne vous voit jamais le faire et sous leur nez. Néanmoins je me suis rapidement rendue compte à quel point la chose était limitée. Puis... J'ai eu peur. L'avantage de ne pas être tangible ce que personne ne se sent épié. Alors, en me balandant dans mes heures de "pleine conscience" en ville j'ai été témoins. Des horreur, des malfrats, des héros..."

Elle déglutit dans le vide, sa gorge ne produisant un bruit que par son pouvoir en oeuvre.

"Alors j'ai eu peur. Je me suis dit que quiconque pourrait en profiter, qu'on ne chercherait pas à me réveiller mais plutôt à m'exploiter, je..."

Elle lève la tête vers la caméra, décidée.

"Cela fait un an que je suis dans cet état, et je vais m'otter la vie, parce que ce monde est pourri jusqu'à l'os, parce que je ne veux pas être exploitée, parce que... Parce que je peux plus vous voir, papa, maman, pleurer de la sorte à chaque fois...

Je vous aime."

Sa voix sembla se briser.

"Et... Je suis désolée."

Elle se leva, brutalement. Comme si elle courait vers quelque chose, avant qu'il ne s'arrête. Elle disparu, l'espace d'un instant. La caméra zooma vers le corps de Saoirse, endormie paisiblement dans ce lit d'hôpital. Quelques secondes plus tard, l'apparition se fit présente, encore une fois par vibrations saccadées. Elle était au dessus de la jeune femme. Sur le lit. Elle sembla hésiter un instant. Puis ses mains se refermèrent sur son cou.

Le souffle de la malade se fit plus difficile, elle semble grogner légèrement, bougea difficilement, comme si son propre corps, par réflexe, refusait la chose.

Le bruit de larmes tombant sur un visage vint s'ajouter à ce moment tragique. Elle continua, serra, fort, encore plus fort, y mit toute son énergie.

Rapidement, la respiration de la jeune femme devint difficile, forcée, une véritable lute pour vivre. Son propre corps ne voulait pas qu'elle s'ôte la vie. La machine produisant l'électrocardiogramme commença à s'emballer, remarquant le changement entre les battements du coeur de la jeune femme. Enfin. Alors que la projection astrale de Saoirse semblait se déchaîner sur son propre corps pour en finir, l'image de la jeune femme devint instable alors qu'elle brisait la concentration de son subconscient...

Elle s'arrêta, entendant les bruits de bas du corps médical de garde accourir à son chevet.

Elle regardait à présent vers le plafond. Des larmes coulant le long de son visage tordu en un sourire de désespoir.

"Je n'ai même pas l'énergie de faire ça ? Ah... Ahah... AHAHAHAHAHAHA !"

Son rire empli la pièce, un rire désolé, un rire nerveux. Elle disparu. Et, soudainement, alors que les médecins entraient dans la chambre pour réanimer son corps, la caméra s'éteignit, non sans montrer quelques mots avant;

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