Qui est-elle ? Jenny, elle même, aurait du mal à répondre à cette question. La jeune femme est pourtant née, comme tout le monde. Elle a eut des parents, une vie de famille. Pourtant, dès sa naissance, ce fut compliqué. Son don s’était déjà manifesté, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Ses parents ont combattus les ours pour elle, ont vite compris que la fuite était leur seul répit. Alors ils ont fui, ont fui continuellement ce pouvoir cauchemardesque. Des nuits sur le qui-vive, des journées entières à se demander la raison de cette agressivité. L’escalade de violence ne faisait que s'aggraver.

Jenny a vécu son enfance dans la peur. Dans la confiance absolue que ses parents trouveraient une solution. Ils l’ont pourtant cherchée, cette façon de supprimer définitivement l’alter de leur petite. Tous les trois, ils ont voyagés autour du monde, en quête de chamans, de grands esprits, n’importe quoi qui aurait la solution. Peut être qu’ils si prenaient mal, qu’ils cherchaient les mauvaises personnes, car aucune ne fut en mesure d’apporter des résultats sur la durée. Les ours continuaient d'apparaître, de l’attaquer au grès de leurs envies. Trouvant toujours la faille pour les torturer psychologiquement.

Ses parents aussi étaient à bout. Se demandant sans cesse ce qu’ils avaient bien pu faire pour subir un tel châtiment. Du papier peint arraché aux meubles renversés, il ne se passait pas un jour sans que les ours ne veuillent la faire fuir. Car c’était leur but, et ça, Boucle d’or le comprit très vite. Quand elle fuyait, ils disparaissent plus rapidement. Lors de leurs attaques, ils se concentraient toujours sur elle. Même quand elle se cachait derrière ses parents, même quand elle pleurait, leur cible ne changeait pas. Alors elle devait fuir, et à force de pratique, devint très douée pour ça.

Quand elle eut dix ans, la Héros Supp ouvrit ses portes. Ce fut une libération. Loin de vouloir devenir une héroïne, Jenny leur demanda de l’aide pour contrôler ses pouvoirs. A cette époque là, elle ne rêvait que d’une chose, dormir convenablement. Elle n’y arriva jamais totalement d’ailleurs. Mais au moins, elle se trouva un don pour ouvrir les serrures, pour détecter les poisons et les surfaces instables, découvrit également qu’elle était le format vivant d’un conte écrit sur le papier. Mais ne dénicha jamais rien qui puisse anéantir ses ours. Qu’à cela ne tienne, au moins elle avança.

Car vivre dans la peur a au moins cet avantage, celui de vous obliger à continuer, peu importe ce qui se passe à côté. Jenny s’est entraînée. Depuis toute petite, elle prend des cours. D’abord d’autodéfense, puis de boxe, et enfin de boxe thaïlandaise. Grande sportive, c’est une adepte du parkour, et de globalement tout ce qui pourrait l’aider à survivre.

Jenny étudia, elle étudia durement, même quand on trouva ce jeune élève mort, même quand le directeur de l’école se fit exécuter sous leurs yeux alors qu’il tentait de les rassurer. Ce fut une heure sombre pour les héros, et Boucle d’or, il fallait dire, n’arriva pas à suivre toute l’affaire. La ville fut vraisemblablement infestée d’araignées, ce fut la panique. Boucle d’or eut très peur pour ses parents, mais heureusement, il ne leur arriva rien. Un barrage céda dans le combat, et encore plus de vie furent perdues. Effrayée, la jeune demoiselle ne songea pourtant pas un instant à quitter le navire. Ce n’était pas comme si elle avait le choix après tout.

Puis, alors que la ville se reconstruisait, qu’ils nettoyaient leurs blessures comme ils pouvaient, des robots attaquèrent l’école. Jenny ne participa pas au combat. Pourquoi faire ? Si elle était ici, c’était pour survivre à ses pouvoirs, uniquement pour ça. Elle déserta l’école, et alla se cacher chez ses parents. Parents qui en avaient déjà marres de voir l’académie se faire ainsi harceler. Navrés de voir l’école de leur fille se faire attaquer continuellement, et ayant peur pour sa vie, ils déménagèrent. Profitant d’une promotion, ils partirent tous en Sardaigne, et Jenny étudia alors à Insienne.

Il se passa encore du grabuge à la Heros sup, mais cette fois ci, Boucle d’or n’était pas dans le conflit. Loin de l’école héroïque, elle apprit l’italien et le français, continua d’étudier durement, de rechercher les sources des pouvoirs fantastiques. On ne lui donna pas le choix, mais elle profita pleinement de cette chance. Elle rencontra le petit chaperon rouge et son grand méchant loup, tomba amoureuse de la belle au bois dormant (qui, ironiquement, était un homme) pour se séparer trop vite de lui.

Elle assista de loin à la quarantaine, la trouva même justifiée. Mais ayant l’impression de stagner, l’adolescente se demanda si elle ne devait pas bouger. En effet, elle qui avait cru trouver des solutions dans le berceau des contes fut réellement déçue d’en avoir fait le tour sans trouver la moindre idée pour se sauver. Laurel avait beau être un nid à problèmes, c’était là qu’elle devait être. Ses tripes étaient formelles. C’était la première école de magie, la plus vieille, la plus cotée. S’en séparer avait été une mauvaise idée, car si elle devait trouver des solutions, un moyen de parer le problème, c’était bien la bas. Isienne, loin d’être une perte de temps, n’avait plus rien à lui offrir.

A l’époque ce n’était pas elle qui avait choisit. Plus elle vieillissait, plus elle se rendait compte que l’Europe, ce n’était pas pour elle. Alors, Jenny fit ses papiers, et après en avoir discuté avec ses parents, demanda un deuxième échange scolaire.

Attendant que le dôme soit levé, elle prépara ses affaires, compta les jours qui les séparaient. Son quotidien était toujours rythmé par les fuites, par le manque de sommeil, mais maintenant, elle ne pensait plus qu’à la héros supp. Regardait constamment les informations la concernant pour avoir des nouvelles. Au moins avait-elle quelque chose à espérer. Promettant de téléphoner au chaperon rouge toutes les semaines, et de donner régulièrement des nouvelles à ses parents, elle décolla finalement fin février, et reprit les cours au 2 mars.