Les monsieurs et les madames qui venaient me parler étaient tous beaucoup gentils. Et même ceux à qui je mangeais les rêves ils étaient beaucoup gentils. Alors je ne comprenais pas pourquoi le monsieur qui m’avait dit qu’il trouverait mon papa et ma maman m’avait dit de faire attention. Peut-être pour les méchants comme celui qui est venu dans ma maison ? Oui, ce devait être ça. Mais sinon j’avais pas à avoir peur. Je le savais et j’en était beaucoup contente. Alors je continuais à faire comme avant. J’attendais papa et maman dans ma maison et j’allais manger quand je ne pouvais plus attendre. En faisant ça, j’avais rencontré de gentils monsieurs et de gentilles madames. J’avais hâte de les revoir ! Avec eux je n’étais pas toute seule. Mais il ne fallait pas que j’aille trop sinon j’allais inquiéter mon papa et ma maman. Monsieur Caïn avait fait un mot pour s’ils revenaient, mais je ne savais pas ce qui était marqué et ça m’embêtait beaucoup. Je ne savais pas si je pouvais le laisser pour quand j’allais manger…
Je venais de partir de chez une madame. Elle était vieille et très gentille. Mais comme tout le monde, elle voulait dire à la police que j’étais toute seule. Elle ne voulait pas que je sorte toute seule ou que j’attende comme je faisais. Je ne comprenais pas pourquoi. Alors, j’étais partie avant que le soleil se lève. Je ne voulais pas que la madame m’empêche de faire comme je voulais. Maman disait toujours qu’il fallait écouter les grandes personnes, mais je voulais écouter ma maman avant. Elle m’avait dit de rester cachée alors c’était ce que je faisais en l’attendant. Et puis comme ça elle savait où j’étais.
En regardant le soleil monter dans le ciel, je pensai à la première madame que j’avais vue après que maman soit partie. Il faisait plus froid que maintenant et j’étais allé dans un parc parce que je courais après le soleil. Mais là je n’avais pas envie. Je ne voulais pas voir la maison du soleil. Je voulais voir mon papa et ma maman. Je voulais qu’ils viennent me voir. M’en fichais du beau cadeau qu’ils étaient allé me chercher ! Moi, je ne voulais plus être toute seule tout le temps… Et puis, je ne comprenais pas pourquoi ils étaient allé voir monsieur Blake et pas moi. C’était pas juste…
En regardant mes mains alors que je jouais avec mes doigts, je cherchai comment les trouver. S’ils jouaient à cache-cache, c’était qu’il fallait que je les cherche. Monsieur Caïn le faisait lui. Alors, je décidai d’aller le voir pour aller l’aider. Parce que je savais ce que je voulais faire, je partis pour chercher le gentil monsieur qui ne souriait pas. Et je savais où chercher ! Je courus alors vers le centre de la ville en espérant me souvenir du chemin jusqu’à sa maison.
Après beaucoup longtemps, je ne savais plus où aller. Je cherchais partout mais je ne trouvais pas. Je continuais quand même parce que je ne voulais pas arrêter. Mais comme je cherchais plus loin que moi, je ne vis pas une madame et je tombai en me tapant dans elle. Je n’eus pas mal. Elle m’avait rattrapée en s’excusant. Je me remis donc debout et lui souris pour répondre à ses deux questions :
- Je vais bien madame, je n’ai pas mal. Et moi, je ne t’ai pas fait mal madame ?
Des “bip” n’arrêtaient pas de sonner. Je regardai donc à côté de nous et je vis un truc en fer. Toute contente de le voir bouger tout seul, je voulus regarder de plus près. Mais la madame se penche avant que j’ai le temps de bouger et elle me demanda si j’étais perdue. Encore cette question… Mais cette fois c’était un peu vrai. Je baissai un peu la tête en regardant mes mains et je lui dis :
- Je cherche monsieur Caïn. Il m’a dit qu’il allait m’aider à trouver mon papa et ma maman qui jouent à cache-cache.
Puis, plus souriante parce que j’eus une idée, je me tournai vers elle et lui demandai :
- Tu connais monsieur Caïn ? C’est une grand monsieur avec les cheveux noirs, les yeux rouges et qui ne sourit pas. Moi j’ai essayé de faire sourire mais j’ai pas arrivé. Et j’ai pas réussi à manger son cauchemar aussi, mais il m’a fait beaucoup peur ! Tu crois qu’il est en colère contre moi ? Et, madame, il est joli ton jouet. Je peux le toucher ?
Le jouet était le truc qui bougeait à côté de la madame en faisant le bruit. Il était drôle mais j’aimais pas quand il faisait “bip”.