Sorry D8:

La réponse qu’elle appréhendait tant tomba comme un couperet sur sa nuque de fillette fragile. Oui, elle allait devoir pénétrer dans les égouts. Bon, très bien. Soit. Agami tâcha tout de même de ne pas trembler davantage, voyant bien qu’elle était déjà un boulet avant même que la mission n’ait réellement commencée. Elle se demandait toujours pourquoi elle, d’ailleurs.

L’arrivée des professeurs provoqua chez elle, un certain élan de joie mal contenu. « Sensei ! » elle remarqua être revenu à sa langue natale un instant et se corrigea presque immédiatement. « Euh, je veux dire.. Professeurs ! ». Voilà. C’était juste ça. Pour ne rien dire, en plus. Mais elle était déjà un peu plus rassurée.

Pour autant son semblant de vigueur mourut presque instantanément lorsque sa camarde souleva la plaque d’égouts et, non contente d’avoir cité des criminels, laissa échapper un son fort peu rassurant. Par le ciel, qu’est-ce qui pouvait bien être tapis là-dedans ?!

Elle s’approcha par pure curiosité et se donna une baffe. Oui, toute seule, parfaitement. Comme si elle n’apparaissait pas déjà suffisamment étrange à la cohorte avec elle, il fallait qu’elle en rajoute. C’était la spécialité de Kagami, tout ça.

Rin aurait été directement sans se poser de questions ! Kagami, voulant imiter sa jumelle, fut prise d’une pulsion étrange. « Je… Je vais y aller en première ! ». Ainsi, elle descendit petit à petit l’échelle… avant de rater une marche et de tomber lamentablement sur le sol des égouts, poisseux et peu ragoutants à l’odeur. « ….Aie…. » Parce que oui, dans sa mésaventure, elle avait aussi trouvé le moyen de se blesser. Mais quelle plaie…

Elle n'avait depuis pas sentie la présence de quiconque depuis qu'elle s'était aventurée dans cette direction. Ni Elizabeth ni son groupe d'étranges personnages... Ça en devenait presque inquiétant, mais il était trop tard pour faire marche arrière, peu-être bien qu’après tout elle allait trouver quelque chose d’intéressant. Avançant dans l'eau croupie des égouts, elle essayait d'oublier cette odeur insupportable en voilant son nez de son foulard : Même si ce dernier semblait bloquer un minimum l'air humide qu'elle devait respirer, rien ne semblait empêcher les relents putréfaction d'arriver jusqu'à elle.

Soudainement elle entendit des bruits la faisant sursauter : comme un son de digestion qui venait...dessus d'elle. A peine eu t-elle le temps de regarder ce qui pouvait bien se passer que quelque chose tomba sur elle en grande quantité. « Putain de m- », Emilia tomba à la renverse, la tête la première dans une sorte de boue gélatineuse, un mélange qui pourrait s'apparenter à du mucus et des chairs. Elle se releva le plus possible bien que le fait de n'avoir qu'un bras ne l'aida pas dans son mouvement pour ne pas avoir à subir d'avantage de contact avec cette matière dégoûtante. « Fais chier, dire que je me suis lavé y'a même pas quinze jours... ». Alors qu'elle essayait de se secouer la tête pour enlever le plus possible de cette boue vaseuse, quelque chose l'interpella dans cette dernière... Un bras sortant de l'amas liquide qui semblait être rattaché à quelque chose. Les faibles bulles semblait indiquer qu'une personne était encore en vie sous l'eau ! Sans hésité elle attrapa ce membre pour en ressortir tout un corps qu'elle déposa sur le côté.

Après quelques bruits de gargouillement venant du macchabée, il semblerait que les bulles n'était que le gaz se compressant dans ce cadavre gorgée d'eau. Si Scarlet c'était nourrir depuis ces dernières 24h elle aurait certainement rendue son repas mais il n'en était rien. Elle éloigna son regard quelques secondes pour essayer de rester consciente puis finalement se pencha vers le corps pour l'examiner. « Bon...C'est pas si différent que les grenouilles en cours de bio...Enfin si on oublie le fait que ce machin me regarde... ». Il était à moitié dévoré, peut-être par des chiens ou des rats errant les marques laissait penser à quelque chose de plus gros, et les ours n'étaient pas fréquent dans les égouts. D’après ses fringues il s'agissait là d'un agent de l'entretiens, sûrement de ceux qui avaient disparut. Emilia devait redoubler de prudence...Chauffant son sang à l’intérieur de son corps et prête à agir, elle avançait beaucoup plus lentement...

Malgré la douleur, l’horrible son qu’avait entendu Kagami la fit angoisser au plus haut point. La nippone trembla alors de tout son être à la mémoire de ce qu’elle venait juste d’entendre et, mû par un instinct complétement idiot et fracassé, se mit à courir de manière très aléatoire dans le premier couloir offert à sa fuite.

Le reste ne fut pas très long ni très étonnant puisque l’enfant, tout en gémissant comme un animal blessé et apeuré, termina sa course dans un liquide gélatineux et pour le moins répugnant après avoir hurlé, bien entendu. Comme si un cri pouvait tirer qui que ce soit d’un danger. Mais bien sûr. Bravo Kagami. La demoiselle remarqua cependant qu’elle n’était pas seule. Mais sa gorge était trop serrée pour qu’elle puisse dire quoi que ce soit à ce sujet. C’était trop dur pour elle.

Terrorisée ? Oh, non. Disons simplement que si elle avait été cardiaque, elle serait déjà en train de bouffer des pissenlits par la racine.

Kagami avait bien sentie qu’elle avait percuté quelque chose – ou quelqu’un. Aussi, la demoiselle effrayée aurait volontiers voulu s’excuser, mais elle n’en eut guère le temps. En effet, trois colosses sortirent de l’étendue visqueuse dans laquelle elle était tombée, la recouvrant d’une nouvelle vague d’immondis. Mais ce ne fut pas le pire du pire. Elle en était encore loin.

En quelques fractions de secondes, l’horreur s’était décuplée de manière exponentielle. Effectivement, une jeune femme pleine de boue d’égouts se trouvait devant Kagami et reçu un coup de griffe de la part de l’un des monstres – lequel ne paraissait pas avoir remarqué Kagami, avantage d’être aussi inutile qu’effacée. Du sang gicla jusque sur le visage de la nippone, la tétanisant. Son cœur parti en une course folle, activant une part de son pouvoir encore inédite jusqu’alors.

Elle n’était pas vraiment consciente elle-même de ce qu’elle faisait. Le contrôle du temps partiel jaillit d’entre ses veines, la faisant blanchir en une poignée de secondes. L’instant suivant ? Elle se saisissait avec ses maigres bras de la jeune femme en remontant de quelques secondes le flux temporel qui venait de s’écouler. Ainsi, cette dernière ne serait pas blessée, finalement.

Mais pour l’entité, ce n’était pas suffisant. Aussi, la pâle petite créature humanoïde abusait déjà de sa faculté, revenant bien trop souvent devant le monstre pour mieux disparaitre et réapparaitre, semant la confusion. Une des deux bêtes essaya de la frappée mais sa patte ne fut accueillie que par du vide avant d’aller se planter dans les chaires de sa comparse qui ne sembla guère appréciée une telle caresse.

Et pendant ce temps, Kagami commençait à disparaitre, lentement.

Scarlet vit de longues griffes passer devant son visage à une vitesse effroyable. Une créature venait de sortir de l'eau pour l'attaquer mais par chance elle avait été tiré en arrière par une gamine, comme si elle était au courant de se qui allait se passer. Bien qu'elle n'avait rien, elle avait un sentiment horrible qui traversait son esprit : Peut-être qu'il s'agissait d'une impression donné parce que la mort n'avait été qu'à quelques centimètres d'elle mais il lui semblait bien avoir vécu la mort, cette souffre, le passage de ces lames dans sa gorge. Elle pouvait savoir ce que cela aurait fait de se retrouvé à terre, la trachée ouverte et le sang qui était jusque là sa puissance venir l'étouffer dans un son épouvantable de gargarisme. Elle se tenait fermement le cou, les yeux vides pendant un court instant et se repassant sans cesse ce mouvement qui lui aurait été fatal si jamais elle n'avait pas été reculée de quelques petits centimètres.

Mais alors que le monstre s'était pleinement dégagé de sa cachette pour charger à nouveau, elle pouvait réagir et envoya directement son poing aidé de son sang dans ce qui ressemblait à un visage pour l'abomination, qui se mit à chuter sur quelques mètres, le bruit de ses os se cassant à l'impact. Par chance le coup qu'elle avait pu éviter était rentré dans le corps d'une autre créature, ce qu'elle n'avait pas vraiment apprécié et l'attaque suite à sa chute, s’enchaînant alors sur une bataille quelque peu sanglante. Emilia se retourna pour voir celle qui l'avait sauvé mais elle n'était pas en l'état : elle devenait de plus en plus pâle, son corps se distordant, défiant toute réalité physique, elle semblait être sur un autre plan, une autre réalité mais son état ne supportant pas le déplacement. Par réflexe et sans vraiment se demander si il s'agissait là de la bonne chose à faire, elle envoya son bras en direction de la petite, forma une sorte de chaîne pour l'agripper et la ramener jusqu'à elle « Restes là toi ! ». Elle devait s'occuper de plusieurs fronts à la fois, et avec un seul bras la tâche en devenait encore plus ardu. D'un coté les créatures qui se battaient entres elle mais qui n'allait pas tarder à revenir à la charge et de l'autre cette fille qui venait à peine de se remettre de ce qu'il venait de se passer...