C'est calme, trop calme. Je sais que j'ai été suivie, mon reflet l'a vu, mais j'ai planifié une journée poisson depuis une semaine, poursuivie ou pas je la ferais. J'ai tout apporté, grille, couteau, bois, hachoir, sceau de glace, boisson, condiment, fruit, légumes. Aujourd'hui je vais me faire un festin !

Tranquillement installée et légèrement vêtue, je patiente en observant la surface de l'eau et le fil de ma canne à pêche. Je ne me suis pas renseigné sur les poissons présents ici, je penses qu'à part du fugu je serais un peu près tout cuisiner, encore faut-il que je pêche quelque chose. Dans le pire des cas, j'enverrais mon reflet sous l'eau en attraper.

Est-ce que la stalkeuse viendra manger ? Est-ce qu'elle le mérite ? Je penses avoir de quoi nourrir une armée donc si jamais elle vient, je pourrais peut-être échanger son corps contre de la nourriture.

Barbara est seule dans une trop grande demeure. Ses colocataires, elles, ont un métier. Barbara aussi, mais aujourd'hui, elle à envie de s'ennuyer. L'inconvénient, le seul, c'est que l'ennui la pousse toujours à d'horribles décisions.

Barbara est entourée d'inconnus. Aucun, en passant, n'attire son attention. Ils sont fade. Ou peut être est elle lassée de la constante agitation que provoque chez elle le premier inconnu. Un ustensile, plutôt ; inconsciemment elle fixe son regard sur une valise bien pleine et rebondie.

Barbara est entrée dans la forêt. L'habitude ayant pris le pas, elle à laissé à sa cible plus d'avance que ce qu'un champ de vision ne peut couvrir. La voilà seule, de nouveau.

Barbara n'aime pas être seule.

"EEEEEH OOOOOH ! Y'A QUELQU'UUUUUN ?"

Beaucoup de bruit, là ça me parle plus. Je n'ais pêché qu'un ou deux poissons que je sens déjà qu'on m'observe et qu'on se rapproche. Je ne suis pas de mauvaise humeur, je vais m'amuser un peu en épatant ma nouvelle foule !

Passant le relais à mon reflet après avoir fait mon petit rituel pour me donner du courage, j'attaques la préparation des carpes que j'ai pêché. J'ai particulièrement envie de sucre, la préparation que je fais et donc plus fruitée que la normale, mais honnêtement qu'est-ce que je m'en moques. L'odeur du poisson et des fruits confis au grill est alléchant. Je mets tout ça en forme dans une jolie assiette et en pique un morceau en le pointant avec un de mes ongles ... J'ai l'impression de les avoir coupé la semaine dernière et les voila de nouveau grand. J'ai fait une crise le lendemain de mon anniversaire, mais quand même pas à ce point si ?

Mais passons, mon reflet va pêcher quelque chose de gros, je dois l'aidé à ce que cela ne nous échappe pas.

Aucune réponse.

Quelle odieuse forêt, hôte de l'impolitesse. Pour une fois, une première fois que Barbara décidait de prévenir de son entrée, il n'y avait personne pour l'en féliciter, l'accueillir ou simplement la saluer.

Qu'à cela ne tienne ; la forêt est vaste, mais l'instinct de Barbara est grand. Il y a, dans cette forêt, dans cette direction, un point d'eau. Seul point d'intérêt de cet amas de nature, c'est ici qu'elle ira.

Entre les arbres brume et dans l'herbe verte, une silhouette rose se dessine. Devant elle, encore loin, l'étendue d'eau est calme. Et à son bord, devant ses pas, se tient une jeune fille. C'est elle. C'est sa cible.

Hum ... Hein ? Pourquoi ? Je deviens folle ou il y a bel et bien un type tout bandé qui saute sur mon poisson ! Mais il veut que je mettes le feu au lac où ça se passe comment ?! Ramenant la prise sur le rivage d'un grand mouvement de canne à pêche, je l'achèves d'un coup de hachoir et fait rouler sa tête sur l'herbe tandis que mon reflet réceptionne ma prise. Je lui laisses le champ libre puis je me tourne vers la momie, tapant le haut de sa tête avec ma canne à pêche.

- Baka baka baka baka baka ! Je fais comment pour pêcher d'autre poisson moi maintenant ?!

Oui, il était con, cette momie-homme, même si le poisson est bien grand, je voulais pêcher plus longtemps moi ! Je me roules en boule aux pieds de mon reflet qui prépare tranquillement le poisson comme la professionnelle que je suis. Elle le sectionne en deux, retire les arrêtes et prépare un lit de salade sur le grill avant d'y déposer ma proie.

- J'vais devoir trouver un aut' coin de pêche moi maintenant ... nyuuuh ...

Pourquoi ?

Pourtant ne réagissent ils pas ? Barbara ne s'est pas cachée. Elle n'est pas spécialement discrète entre les feuilles naissantes de d'une forêt printanière. Son pas se fait déterminé, frappe l'herbe et pousse les branches.

Le lac se trouve dans une clairière, et un nouveau protagonistes y fait son entrée. Bras écartés, gorge déployée, la voilà qui salut ses nouveaux amis.

"Comme vous avez l'aire de vous amuser. Je peux le joindre à vous ?"

Le corps que sculpte l'humidité sous les bandages attire l'œil volage de Barbara, mais il y a sur cette rive quelqu'un qu'elle suit nerveusement.

Dix de ses doigts se joignent, se crispent autour d'une boule d'énergie, d'émotion. La demoiselle charge son énergie, son don, dans le creux de ses mains, près de sa hanche.

Ses bras se tendent. Ses paumes se présentent à la jeune fille. Un rayon rose et invisible en jaillit, et percute Kaga.

À cet instant précis, et comme unique conséquence de cette technique, Kaga s'est sentie aimée.

boouhooouhouuu ... Mes poissons ... MON POISSON !! Me relevant à mac 20 pour finaliser les derniers petits détails de mon plat. Tout est permis, sauf rater mes plats ! J'en profites pour que mon reflet prépare quelques assiettes pour les deux énergumènes gênant ma paisible pêche et me tourne vers le pervers bandant son corps.

- C'est pas une raison non mais ! Vous avez faim les deux sinon ? J'ai de quoi nourrir l'Angleterre là, deux bouche de plus ne devrait pas poser de problème !

Étrangement, j'ai retrouvé ma bonne humeur, pourquoi ? Aucune idée, peut-être que cuisiner pour quelqu'un me rend joyeuse, qu'est-ce que j'en sais moi, je suis une fille complexe. J'installes à nouveau mon reflet pécher au centre du lac, tenant la canne à pêche comme un petit fantôme tout mignon. Je suis sûre que la rosée est la stalkeuse qui m'a suivit, presque sûre, mais des lolis roses il y en a pas autant qu'en angleterre en amérique, si ?

Un adorable conte de fées se dessine sous les pas de Barbara. Elle avance lentement jusqu'à une chaise judicieusement placée au pied de la table mise. Oubliant quelques instants ses bonnes manières, elle posera même ses coudes sur la nappe carrelée de rouge ; son visage souriant repose sur ses doigts croisés.

L'adorable bout de femme qui s'affaire à cuisiner à disposé pour Barbara quelques amuses gueules. Le plat, chaud, ne mettra pas plus de temps à faire son entrée. Ravie, la demoiselle en rose détourne ses yeux vers un nouveau point d'intérêt.

"Voilà un incroyaaable talent, monsieur mystère. C'est ma présence qui vous fais brûler comme ça ?"

D'un mouvement de lèvre, la demoiselle pleine d'envie s'assure que son rose à lèvre sucré est bien en place. La cuisinière ici présente ne saurait combler l'appétit vicié de Barbara.

Urgh pitié ! Bouffez-vous l'entre-jambe dans un buisson et draguez pas pendant que je cuisines ! Sérieusement il n'y a pas plus impoli ! Je déposes les assiettes et mange dans le plus grand des calmes ma part faisant facilement le double de celle de mes invités forcés.

- Au lieu de vous draguer comme les derniers de beaufs bouffés avant que cela ne refroidisse.

Sérieusement, qu'est-ce qu'il trouve à cette pikmin tout droit sortie d'un jeu nitenda ?! Puis elle, elle trouve quoi à cette momie ? C'est le monde à l'envers ? Le jour où les passables peuvent se rouler des pelles en toute tranquillité ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?!

J'ai buté pas mal de monde, mis le feu à des maisons, mis le feu à des gens, niqué hors mariage, vendu une gamine contre un set de table pour mon futur restaurant ... Je suis une salope en vrai moi ! Faut pas me laisser m'ennuyer, c'est de la faute de mes colombes qui préfèrent leur vie à moi.

- Estimez-vous heureux je ne fais pas payer aujourd'hui.

Quelle dommage. La cuisinière était adorable jusque là : la parfaite partenaires pour la dînette. Une moue marquée s'installa tristement sur le visage de Barbara ; hors de question de laisser l'ambiance retomber.

"Je suis dééésolée. C'était inapproprié de ma part."

Ainsi, toute l'attention détournée du grand doté retourna sur la trop jeune adulte. Une main verni de rose posée sur son poignet, l'empêchant quelques instants de manger cette plus grande ration.

"Pardonne moi, jolie poupée. Peux tu recommencer à sourire ? s'il te plaît !"

A fleur de peau, les émotions suintaient au bout des doigts de Barbara. Plus qu'une ordre, une volonté s'est insinué en Kaga. À cet instant, presque nerveusement, elle à sourit.

Et Barbara aussi.

Que je suis faible face aux filles, suffit qu'elles me demandent un truc et je le fais mécaniquement ... Je me désespère. Toutefois, sourire un peu me fait du bien, mon reflet ne fait donc que cingler le cul de l'homme gênant avec sa main. Je me détaches un peu du contact du bonbon rose fluo pour cacher le rouge de mes joues et manger mon poisson sans interruption.

- ... ça va c'est à ton gout ?

En tout cas, c'est au mien. Une fois ma part finie, je m'attéles à la préparation du plus gros poissons avec un soin tout particulier. J'attaches mes cheveux en queue de cheval, lave mes mains et prépare la meilleure grillée que le monde ait connu ! Je dis ça a chaque fois, ça me motive de croire que c'est vrai.

Qu'a t il encore l'énergumène ? Il a déconcentré Barbara. Le fil crépu de sa pensée est déjà assez dur à suivre pour qu'en plus on vienne la déranger dans son intimité. Voilà, c'est raté maintenant. Sa marionnette lui a échappé des mains. Mais au moins, elle semble prête à recommencer l'exploitation de nourrir Barbara.

Elle se lève, donc. Puisqu'il est là, autant s'y intéresser ; là voilà devant l'homme qui, couvert de bandage, semble déboussolé.

"Que t'arrive t iiil ? Est ce que ça vient de ton don ?"

Afin de mieux l'examiner sous chaque couture, le bout de rose tente de saisir la main qui, malheureusement, est elle aussi bandée. Sans pouvoir toucher sa peau, il lui est impossible de manipuler ses mouvements et articulation. C'est avec un grand effort qu'elle se reporte vers une approche plus orthodoxe.

"Dis, montre moi. Qu'est ce que tu as ?"

Mentalement, je ricanes comme la dernière des gamines tandis que je sers le gros poisson avec une fondue et du pain. J'adores le fromage fondu, c'est juste trop bon ! Bon ça fait grossir par contre, à consommer avec modération donc. Je dirais bien que j'ai acheté cette baguette peu cher, mais je l'ai fait moi-même en vérité. Un pur pain fait main en forme de rond. J'en pique un bout d'ailleurs pour laisser la chaleur faire un un peu de vapeur.

- T'en fais du bruit, je vais arrêter de te faire à manger si tu gaspilles la nourriture comme ça.

En vrai, moi aussi je suis pas mal intéressée de voir ce qu'il se trouve sous ces bandelettes. Un brûlé vif ? Un mannequin pour faire mouiller les lycéennes ? Un laideron peut-être. Toujours est-il que je dois me faire les ongles, mais que mon rendez-vous est dans une semaine. Quelle horreur d'attendre jusque-là.

La dame en rose fait deux fois le tour de la momie avant de se stopper à huit heures pour observer son visage par derrière.

"Hey, on voit ta peau au niveau des yeux ! T'es... Noir... ? Ou tout blessé."

La remarque ne semble pas apprécié, de même que les mains balladeuses. Curieuse, la demoiselle est tirée de ses pensées invasives par l'appel de la maîtresse de cérémonie. Le temps est revenu de manger, et Barbara n'est pas prête.

"Encooore ? Mais enfin, je ne vais plus pouvoir manger ! Oh, allez, c'était tellement bon tout à l'heure. Je ne peux pas refuser."

Oubliant sa main sur la hanche de l'homme, la demoiselle reporte alors toute son attention vers le plat. Au point même de bousculer son ancien sujet en retournant à table.