- Je suis stagiaire dans un restaurant.

Lavant mes mains, je nettoies mes mimines et passe à table proprement. Je suis assez à cheval sur l'hygiène, imagine si je débarques toutes sale dans un restaurant, on voudrait ma mort, moi la première. Je vais bientôt être cheffe, si je n'inspires pas le respect et ne montre pas l'exemple, comment je finirais ? Pendue à un four ? Dans le four peut-être, ouais, dans le four, définitivement.

- Je suis Kaga, Kaga Mikori.

Je cèdes mon nom un peu vite, je ne devrais pas faire ça. Si par le futur je dois en tuer un des deux, je serais dans le mal. Après j'ai pas spécialement planifié de les tuer, sauf peut-être l'homme bandé si il la saoule.

- Ce n'est pas aussi facile de se faire un nom en cuisine à mon âge, ce sera plus simple à ma majorité.

Le précédent repas n'est pas encore retombé sur les hanches de l'assemblé que, déjà, un nouveau parfum se glisse dans l'aire. Le fromage vient chatouiller les narines de la jeune femme qui, encore, ne s'est pas présentée.

"Je m'appelle Isabe-- non, Barbara. Oui !"

Comme il est dur de donner la vérité, Barbara à bien failli mentir sur son nom. Ses récentes amies ont une bien étrange influence sur la jeune imprudente. Comme si un soupçon de sincérité pouvait racheter tous ses mesquins agissements.

Plus important, ce qui l'intéressait vraiment à ce moment, c'était lié à Jack. Elle ne regardait pas, pas assez ; elle n'a pas vu ce qui l'avait piqué. Il y avait là un mystère, et cette femme en rose, comme toujours, veut tout savoir.

"Eh, monsieur. Vous êtes un joker ?"

Avec ses mots elle saisissait l'une de ses mains, la palpait. Elle cherchait un mauvais replis dans ses bandages. Il lui suffisait d'un contact de peau à peau pour ce qu'elle voulait. Du bout de ses doigts elle cherchait une envie. Un petit tour sur soi même, rien de compliqué. Il s'exécuterait à l'instant où elle le toucherai.

En quoi est ce lié à la précédente question ? Il ne faut pas en demander tant à Barbara. Disons que c'est amusant.

J'ai la fâcheuse impression de me faire ignorer, soit. Je poses la fondue sur la table et plonge mes mains dans l'eau, plus précisément dans le miroir de l'eau. Je farfouilles dans mes affaires et sort mon calepin à croquis, pas n'importe lesquels, mes croquis de gens. Je tournes les pages, revoyant rapidement les dessins de ce gosse et de ses monstres mal élevés qui ont failli me faire craquer puis commence mon croquis au fusain.

Je préfères dessiner les filles, mais après la petite révélation du grand brûlé je suis plus inspirée pour le dessiner en train d'être carboniser. Mourir brûlé est une sensation très désagréable, moins que noyé car les nerfs fondent et donc ne font plus trop trop mal, mais tu sens l'odeur de ton corps en train de cuir comme si tu n'étais qu'une viande. Je préfère me faire retirer les ongles que de mourir brûlée ou noyée, encore moins d'y survivre.

- Dit la rosée, t'as pas moyen de lui faire retirer ses bandages ? J'ai besoin de voir sa tête pour mon dessin.

La dame en rose posa un doigt circonspect sur ses lèvres. Une petite voie moralisatrice, tout au fond d'elle, l'implorait de ne pas le faire.

"Toi aussi, tu voudrais le voire ?"

A ce moment, tout pouvait encore changer. Cet homme, probablement élève de Lagertha, avait explicitement demandé le respect. La bonne personne que souhaite devenir Barbara le lui aurait donné. On pouvait déjà sentir deux yeux inquisiteur se poser sur sa main tremblante, s'approchant du corps bandé.

"Tu es à la sup, hein ?"

Elle devrait avoir peur.

"J'ai des... des, j'ai des amies. J'ai ça à la Heroes sup."

Elle souriait. Sa lourde tête tombait d'un côté où de l'autre de ses épaules. Inconsciente jeune femme.

"Gabrielle, elle est jolie, hein ? Elle me gronde tout le temps. Ça me rend triste quand elle me gronde, je n'aime pas la décevoir."

Elle s'était arrêtée pour mieux revoir de vieux souvenirs. L'ange gardienne sur son chemin revêtait le même visage que Barbara avait pu voir lors de sa dernière grosse bêtise. C'était si grave qu'elle n'osait qu'à peine retarder son amie. Mais le visage angélique, ce jour là, n'était pas moralisateur.

"Je l'ai fait pleurer."

Et Barbara s'est effondrée. Comme son amie autre fois, elle est en larme.

Mais qu'est-ce qu'ils sont inintéressants. La meuf ne sait pas ce qu'elle veut faire et ça me tape sur le système ! Je vais les arracher un par un ses bandages à celui là ! Je n'ais pas que ça à faire de me coltiner des sentimentales !

Nan, vaut mieux pas que je m'énerves pour rien, elle va encore me faire faire n'importe quoi si je cèdes à ça ...

Mais vas-y ça m'énerve de ne pas pouvoir terminer mon dessin ! Je détestes ne pas finir un truc ! Qu'est-ce que je vais faire pour le terminer mon maintenant ?! Je dessines une gueule carbonisée lambda ?! Mais c'est indigne ! C'est sale ! C'est comme se réveiller le matin dans le lit d'une belle femme et ne pas se souvenir de son prénom et de donc sortir un prénom générique en espérant que ça passe !

Vous n'imaginez pas l'enfer que je subis pour garder mes reflets sous contrôle, c'est limite eux qui commande j'ai l'impression, mais ça ne va pas se passer comme ça ! Je laisse le visage vide et range mon carnet de dessin avant de commencer à nettoyer mes ustensiles dans le petit lac. Il vaut que je m'occupes et vite, sinon je sens que je pourrais couper les tendons de ce type juste pour voir sa tête sans ses bandages.

C'est si doux. Je jeune homme sans visage, de pars sa simple présence, réchauffe Barbara jusqu'à la moelle. Sachant un instant ses larmes à l'ombre de ses bras, elle décide de relever la tête.

"J-je suis désolée. Ne faites pas attention ! C'était exagéré ! Ha ha !"

La gorge se déployait sous un rire crispé. Le visage faux de Barbara était froissé par le trop plein d'émotions. Enfin, elle se leva de nouveau.

"si nous mangiooons ?"

Ni une, ni deux ; de nouveau à table, la rose reprenai l'activité principale.

Il part enfin, je vais pouvoir relâcher un peu mon contrôle sur mes reflets. Les rappelant à moi, j'en vois un dans l'eau qui ne me ressemble pas du tout. Son teint est plus pâle, ses yeux sont rouges là où les miens sont au pire entourés d'un cercle doré lorsque je suis en colère. Elle est vêtu d'une étrange robe et possède deux "ailes" dans le bas de son dos. Entre le centre de sa poitrine et le creux de son cou se trouve une pierre brillant de noir, je ne savais même pas que cela était possible.

Craignant un don et n'ayant pas la même emprise sur elle que sur mes reflets, je me retournes et plante le couteau que je lavais dans sa cuisse. Evidemment, je ne vis rien là où son reflet apparaissait, mais je sens sa main traverser mon corps pour arrêter mon cœur, métaphoriquement parlant. Ma vue s'est floutée pendant que mes yeux prenaient la couleur des siens, que ma pensée rejoignait la sienne et tout ça en un court instant.

-Laisse moi faire jolie cœur ~ Tu vas avoir tout ce que tu désires avec moi !

Bloody, connasse, je ne peux même pas bouger, mon don m'a mise K.O. Elle, drapée de l'invisibilité de mes reflets, crève le réservoir d'essence de la moto du bandé avec le même couteau que je tiens dans les mains. Elle profite de la diversion pour arracher les bandages couvrant son visage et d'entailler l'épaule de Barbara. Je l'entends rire, peut-être que eux deux aussi le peuvent, j'aimerais bien leur crier de partir, mais je ne peux rien faire dans mon état, j'ai baissé ma garde trop tôt, j'aurais du attendre que les deux soient partis ou partir moi-même, mais nan. Il a fallu que je fasses la maline à continuer comme si de rien n'était.

Une vive douleur toucha l'épaule nue de Barbara. Le corps de rêve était salement tranchée et sa véritable peau, maintenant apparente, laissait filer un peu de sang. C'était douloureux.

Comme par réflexe, et pour s'éloigner du danger, la cible de l'attaque de plaqua contre la table, poussa à gauche et s'éloigna d'un pas. Elle était maintenant debout, couteau à la main, tremblante.

"Je ne veux pas avoir mal ! Je n'ai pas mérité ça. Excuse toi."

Puis son regard chercha un interlocuteur. L'adrénaline était forte, et perturbait son souffle et sa vision périphérique. Que se passait il ?

Je la vois s'amuser, se diriger vers le gril encore allumer et faire brûler un bout de bois ... Cela sent pas bon, ils ne peux pas voir le bout de bois ou la flamme, elle va faire exploser la moto. Enchaînant des pas de danses étant les miens, elle met le feu à la manche gauche de Barbara, celle la plus proche de l'eau. Quelque pas plus tard, elle lance son bâton dans la flaque et d'un coup de talon, envoie jack vers sa moto pour le grand boom.

Tournoyant, c'est sans retenue qu'elle saisit la rosée par les cheveux et la traîne jusqu'à la jeter dans l'eau, plongeant avec elle. Je ne peux qu'imaginer le froid de l'eau, ce reflet ne réponds à aucun de mes ordres quand bien même j'essaye de l'arrêter. En souriant, elle saisit les jambes de sa proie pour que sa tête finisse dans l'eau. Elle la fait presque s'étouffer avant de la remonter et de recommencer son petit manège, écourtant de plus en plus le temps que Barbara dispose pour respirer.

Je crois que je suis moi-même en train de mourir, les rythmes de mon coeur ralentissent, Bloody Marie doit trop puiser dans mes réserves. Si je meurs, je réapparaîtrais toute neuve grâce au lac, mais elle elle disparaîtrait. J'espère que Jack aura les couilles de me carboniser rapidement, si il est encore vivant évidemment. Sortant du lac, un orchestre se joue, je rêve, elle a aussi accès à mes pouvoirs ?!



- Je comprends tellement pas pourquoi tu ne veux jamais faire ça ma petite kaga ~
Tu verras il n'y a rien de plus drôle que d'utiliser mes pouvoirs ~

L'eau est froide, amer et insidieuse. Barbara crache et inspire tant que possible, rarement. Ses pieds cherche un appui qui ne vient pas. Ses bras cherchent à repousser une force qui ne la touche pas. Le torrent de ses émotions cherchent à s'échapper dans un torrent de peur et de cri.

"Jack, mon héros, viens m'aider ! Je vais mourir."

Je commence à avoir du mal à suivre l'action, je pense que la momie à réussit à brûler Bloody, mais elle est dans l'eau, ce n’est pas très malin. Maintenant que les deux sont dans l'eau rien ne l'empêche de les passer dans le miroir, si ce n'est moi.

Je meurs peu après Que bloody soit sortie des flammes. Elle disparaît avec moi, dès que l'eau se calme, elle me reflète et je réapparais au-dessus de mon corps. Qu'est-ce qu'il fait froid, j'ai beaucoup trop froid. Il est vrai que je n'ai pas de vêtement lorsque je réapparais ... Je vais devoir dépouiller mon propre cadavre, quelle merde. Je regarde les deux victimes de bloody marie, ils sont encore vivants ? Qu'est-ce qu'elle est inefficace cette meuf.

J'ai l'impression de m'être pris la plus grosse gueule de bois de mon existence. Je récupère ma veste quand même, j'ai trop froid, récupère mes boucles d'oreilles et mes miroirs de poches avant de regarder ... Comment ils s'appellent déjà ? Barbie ? D'Arby ? Barbare ? Je sais plus, l'autre blaireau à la gueule cramé même pas la peine d'essayer de m'en souvenir.

- Vous êtes encore vivants ? Me faudrait de quoi cramer ce truc.

Je soulèves par les cheveux mon cadavre, vous croyez que je peux revendre mes propres organes ? Ce serait rentable.

Il est là, contre Barbara. Le phœnix a écrasé la présence néfaste qui pesait sur l'ombre rose. Elle est emportée avec lui, sous l'eau, mais Barbara n'a plus vraiment peur. Elle serre sa joue autant que possible contre le manteau du motard, elle lui fait confiance. C'est ensemble qu'ils finissent par ressortir.

Au dehors, Kaga est toujours là, peut être perdue, presque nue. Qu'elle est douce et amusante, Babrara s'inquiète pour elle aussi.

"Fais attention, toi, là bas ! Il y a quelque chose de méchant."

En suite, seulement, elle lâchât le torse de l'homme qui l'avait sorti de l'eau pour le remercier bien bas. Elle en profita pour ébrouer ses cheveux fuchsia avant de relever vivement la tête. Elle se sentait en sécurité, maintenant. Petite sotte.

Mouais, ils sont complètements paumés. Autant mentir à ce stade, on me croirait pas si je disais la vérité. Je ne connais pas les standards des dons, j'imagine que les mythologiques ont une immortalité plus globale que la mienne, mais j'ai tellement de carte à jouer avec mon don que cela en est outrageant.

- Je suis toujours calme après une mort, pourquoi avoir peur de ce qui te tue lorsque tu ne meurs pas.

Je peux compléter mon dessin, c'est un bon point ça. J'en ai appris un peu plus sur le motard, je ne savais pas que quelqu'un d'autre que la fratrie avait des flammes en ville. Même si les siennes ont l'air moins forte, son aptitude à pouvoir dévorer le feu est très problématique si il s'en sert correctement. Mais personne ne se sert correctement de son don, même les élèves de la supp que j'ai pu voir, à part Eva, ce sont pour la plupart de grosses tâches.

- Comme tu peux le voir, je suis morte, donc ne t'attends pas à des réponses claires. Pendant que vous batifolez dans l'eau moi je mourrais de crise cardiaque. C'est une première d'ailleurs, c'est comme mourir d'overdose mais sans les piqûres en fait.

Je m'égares je m'égares. En même temps il me pose trop de question ce type. Je lui demandes comment fonctionne ses flammes moi ? Non, mais je devrais. C'est ce que je vais faire d'ailleurs.

- Vois-tu, sous certaines conditions on ne peut pas me tuer. J'ai rempli ses conditions avant de me faire attaquer par dieu sait quoi et me voilà avec ce truc encombrant sur les bras. Mais je vais pas te révéler mes conditions si facilement.

Moi qui me réjouissais de ne pas être morte depuis deux ans, le pire c'est que ça me rends presque heureuse. Comme une rechute de défoncé en thérapie. J'avais oublié à quel point cela pouvait détendre de se laisser crever et de profiter d'un corps sans aucune blessure, cicatrice ou autre joyeuseté. Je penses même que cela a soigné mes poumons, je dois regarder ça après.