Patrouiller en plein jour, je n'en ai pas l'habitude, mais il y a eu une recrudescence des crimes ces derniers temps, du coup, je tente d'aider comme je peux à protéger cette ville.

- Mais c'est Yggdrasil ! T'as fait coffrer trois de nos gars la nuit dernière et ça tu va nous le payer !

Je soupire, pas besoin de chercher les criminels quand ils viennent directement à toi. Deux hommes se tiennent en face de moi armé de barre de fer.

- Dégagez ! Je n'ai pas le temps pour le menu fretin.

L'un deux ricane et siffle, je me retrouve assaillie par une dizaine de personnes.

- Tu te balades souvent dans ce coin, on a donc décidé de t'attendre pour te punir, mais je dois avouer que te voir te balader en plein jour, c'est une surprise.

Ils se jettent sur moi, je me transforme en louveteau pour leur échapper avant de reprendre forme humaine un peu plus loin et de dégainer mon arme. Je virevolte parmi eux parant les barres de fer et autres gourdins, quand l'occasion se présente, je les assomme du plat de ma lame. Ces cas ne sont pas des assassins juste de grosse brutes.
Un coup m'atteint assez violemment dans le dos me projetant au sol, je serre les dents, c'est pas vrai qu'ils vont réussir à m'avoir par le nombre. Un second coup m'atteint à la tempe, puis un troisième, le sang coule sous mon masque, mes oreilles bourdonne, j'en entends un vaguement parlé qu'ils mangeront du chien. Ces gars ne sont pas des meurtriers, mais ils ont clairement l'intention de me laisser dans un sale état.
Alors que j'hésite fortement à me transformer en mangarm les coups cesse subitement, en relevant la tête, je vois l'un de mes agresseurs voler contre un mur puis un autre recevoir un marteau, une fois familière chante à mes oreilles avant d'être assourdie par le grondement de la foudre, je trésaille et me mets en boule pour me protéger des éclairs même en sachant qu'ils ne m'atteindront pas.
Une fois, la tempête finit, je me redresse encore un peu sonnée, mon premier réflexe est d'appeler la police pour les informer qu'ils ont une bande à arrêter. Je m'approche ensuite de Sonja pour la remercier, heureusement pour moi, elle ne peut pas voir ma grimace quand je remarque qu'elle porte encore les marques de mon affrontement contre Thor.

- Je te paye quelque chose pour te remercier ? Enfin après être rentré pour mettre une tenue un peu moins sujette au conflit ?

Je ne relève pas la moquerie de Sonja, encore un peu sonnée, je me hâte vers la maison où je vis en colocation avec Gabi et Bab’s.
J’enfile rapidement des vêtements civils, un jean et un sweat un peu trop grand pour moi, j’hésite à conserver mon arme avant de renoncer, au pire je peux toujours me transformer et puis j’ai mon collier. L’autre pile électrique à barbe daignera bien me prêter quelques volts.
Alors que je reçois mon amie, elle me met un truc froid avec un cône en biscuits dans les mains. Je e rappelle assez vite qu’il s’agit d’une glace, encore un plat étrange des humains. Chez moi la glace on marche dessus, il n’y a que les louveteaux qui la lèche et se retrouve la langue collé… non ce n’est pas du vécu.

- Heu merci…

Je commence à la déguster.

- Si on allait se promener au parc du quartier Aselus ?

Je commence à m’y diriger sans attendre sa réponse.

Sonja me demande comment se passe mon job, si les élèves ne posent pas trop de soucis.

- Pas vraiment, ils sont adorables, et ils ont une telle soif d’apprendre, ça fait plaisir. Bien sûr ils ne deviendront pas tous des guerriers mais ceux qui ont choisis cette voie sont tous prometteurs.

Je parle d’eux avec une fierté non dissimulée, voir ces louveteaux grandir jour après jour est quelque chose d’important pour moi, c’est ce qui me permet de tenir, de ne pas craquer et laisser le désespoir m’envahir de nouveau. Je me demande si la fierté que je ressens étais la même pour ma meute, si mon père la ressent en voyant ses enfants avancer et devenir plus fort.
J’espère qu’il ne sera pas trop déçu le jour où je lui dirais que je ne compte plus continuer ma mission, je ne peux plus me résoudre à provoquer la fin du monde désormais, je tiens trop aux habitants de Midgard, en revanche je souhaite toujours retrouver mes frères.

- Et toi le bar ça se passe bien ? M. Malabar s’ennuie pas trop à être coincé sans pouvoir montrer tous les cinq minutes qu’il a plus de muscles que de cerveau.

Je sais que je ne devrais pas être désagréable avec Thor, mais c’est instinctif, sans doute Papi qui déteint sur moi. J’imagine qu’il entrerait dans une colère noir si il apprenait où je suis en ce moment, enfin surtout en compagnie de QUI je suis.
Je préfère ne pas y penser.
On passe justement devant le banc où j’ai rencontré Sonja la première fois, ça me paraît si lointain, j’étais si faible, si effrayée.
La peur n’est pas partie mais je suis désormais assez forte pour me battre en cas de besoin.
Je continue à lui parler de tous et de rien, quel dommage que ma meilleure amie Midgardienne soit l’hôte d’un être aussi désagréable.
Enfin il est peut-être désagréable mais pour l’instant il n’a encore jamais cherché à me nuire, il est même toujours là pour m’aider, enfin Sonja est là, il est un peu obligé de la suivre, mais pas de lui prêter ses pouvoirs pour me secourir cela dit.
Je continue à marcher pensive.

- Dite, vous pensez qu’on peut fuir l’avenir ? Ou du moins changer son destin ?

Le vous est sorti instinctivement, j’ignore pourquoi je m’adresse aux deux, comme si l’avis de l’autre étincelle m’intéressais, surtout qu’il ne sait que taper sur les choses dès qu’elles ne lui conviennent pas.

La réponse de Sonja ne me satisfait pas vraiment, mais en même temps je ne peux pas lui en vouloir, tant qu’on n’y est pas confronté, c’est dur de croire au destin. Pourtant, il trace un chemin pour chaque être, il continue même après la mort décidant de si l’on s’envole vers la lumière du Walhalla ou si on chute dans le sombre royaume d’Helneim.

Un avenir non figé ? Changer son destin ? Ça me paraît impossible, pourtant d’une certaine façon, on a déjà changé le mien, j’étais vouée à mourir noyée et on m’a sauvé, à moins que cet évènement était lui-aussi écrit, nièce ou pas, je ne pense pas que la mort ait trop le droit de sauver les gens sur un coup de tête.

Je soupire et reprends la promenade avec des conversations plus frivoles.

…..

Il a plue toute la journée… Je hais la pluie, je sens le chien mouillé quand il pleut… Mes étudiants me le disent depuis ce matin, désolée mes petits, mais une louve de quatre mètres ça ne sèche pas vite… Heureusement demain, je vais au parc d’attractions avec Sonja, j’espère qu’il fera beau.

Le lendemain, je quitte la maison aussi surexcitée qu’un louveteau devant sa première proie et je fonce chez mon amie. J’ai ramené des croissants, une délicieuse gourmandise française que Gabi m’a fait découvrir. Nous les mangeons avants de partir en discutant de tout et de rien. J’ai passé pas mal de temps chez Sonja ces derniers temps au point que même l’autre transformateur sur pattes me semble sympathique, surtout que dernièrement, il m’a régulièrement apporté son aide pour arrêter des criminels et les livrer à la police, enfin bon il reste le fils d’Odin, un ennemi mortel pour nous autres Managams.

Voyant que contrairement à hier, il fait un super soleil, je me sens d’humeur à me balader.

Je souris et histoire qu’elle ne s’empresse pas de courir chercher un casque pour un tour à moto, je sors dehors et pat à l’opposé du parking.